La situation en Haïti n'a "jamais été pire", selon la patronne de l'Unicef

Par 30/06/2023 - 10:14

La crise importante qui traverse la société haïtienne n'en finit pas d'inquiéter les instances internationales.

    La situation en Haïti n'a "jamais été pire", selon la patronne de l'Unicef

Petites filles violées, enfants recrutés par les gangs, maisons incendiées... La patronne de l'Unicef a décrit jeudi les "horreurs" subies par la population d'Haïti, appelant le monde à ne pas oublier ce pays ravagé par la violence des gangs.

"Haïti devient vraiment une crise oubliée", a dénoncé Catherine Russell, quelques jours après son retour de Port-au-Prince, rappelant que près de la moitié de la population, soit 5,2 millions de personnes a besoin d'assistance humanitaire, dont près de 3 millions d'enfants.

"Des groupes armés violents contrôlent plus de 60% de la capitale et de grandes parties de la zone agricole du pays", a-t-elle ajouté.

"Les Haïtiens et notre équipe sur place m'ont dit que la situation n'a jamais été pire qu'aujourd'hui. Faim et malnutrition sans précédent, économie paralysée, résurgence du choléra, et insécurité massive qui crée une spirale de violence, tandis que les inondations et les séismes nous rappellent la vulnérabilité d'Haïti au changement climatique et aux catastrophes naturelles", a-t-elle décrit, avant de rapporter des témoignages de victimes des gangs qui utilisent le viol comme "arme d'intimidation et de contrôle".

"Une petite fille de 11 ans m'a dit de la voix la plus douce que cinq hommes l'ont attrapée dans la rue. Trois l'ont violée. Elle était enceinte de huit mois quand nous avons parlé et a accouché quelques jours plus tard".

"Une femme m'a raconté que des hommes armés ont fait irruption chez elle et l'ont violée. Sa soeur de 20 ans a tellement résisté qu'ils l'ont tuée en la brûlant vivante. Puis ils ont incendié la maison", a-t-elle ajouté.

"Les femmes et les enfants meurent, les écoles et les lieux publics qui devraient être des refuges ne le sont plus. Le monde, collectivement, abandonne le peuple haïtien et si nous ne prenons pas des mesures immédiates, il est difficile d'imaginer un avenir décent pour cette population", a-t-elle déploré, alors que l'appel du gouvernement haïtien relayé par l'ONU à envoyer une force internationale d'intervention pour aider la police est pour l'instant resté sans réponse.

"En tant que communauté internationale, nous ne pouvons pas regarder ce pays s'effondrer totalement".

Mais "au milieu des horreurs, il y a un peu d'espoir", a-t-elle noté. 

"J'ai rencontré des enseignants et des travailleurs du secteur de la santé qui bravent les dangers de la rue pour aller travailler avec les enfants, tous les jours".

Tags