L'interventionnisme économique en Outre-Mer en question à la Cour des Comptes

Par 28/06/2023 - 06:20

À quelques jours du CIOM, à Paris, et dans la droite ligne des réflexions actuelles sur l'octroi de mer ou la vie chère, l'Association des Juristes en Droit des Outre-Mer (AJDOM) organisait ce mardi 27 juin, un colloque sur l'interventionnisme économique dans nos collectivités, à la Cour des Comptes. Entre désir d'autonomie et besoin d'aides, le sujet provoque parfois des incompréhensions, voir des tensions, entre le local et le national.

    L'interventionnisme économique en Outre-Mer en question à la Cour des Comptes

La date fixée pour le très attendu Comité interministériel pour l'Outre-Mer (CIOM) approche (il est pour l'instant prévu le 6 juillet) et il est donc pertinent de s'interroger sur les effets et enjeux de l'interventionnisme économique dans nos territoires. Un sujet d'actualité alors que l'exécutif planche sur une refonte de l'octroi de mer et que l'Assemblée nationale mène une commission d'enquête sur la vie chère, qui illustre le manque de clarté sur l'efficacité des politiques publiques en la matière.

Pour sortir des résumés parfois caricaturaux, l'Association des juristes en droit des Outre-Mer a donc voulu s'emparer de ces questions à l'occasion du colloque de ce mardi. Pour son président Ferdinand Melin Soucramanien, par ailleurs maître de conférence et président de l'Institut national du service public, il y a manifestement un manque de compréhension avec certains acteurs politiques ou économiques locaux. 

Ces territoires sont souvent mal connus. Il y a un sentiment de délaissement qui est assez partagé et qui dit quelque chose de la relation entre les Outre-Mer et l'État.

Sur-rémunération, aides, défiscalisation, prêts spécifiques... les leviers existent, car les pouvoirs publics font pour les Outre-Mer, mais parfois mal. Difficultés administratives ou barrières dans la recherche de financement, pour la présidente de la Chambre consulaire interprofessionnelle de Saint-Martin, Angèle Dormoy - l'un des grands témoins de ce colloque - on manque d'efficacité.

Ce n'est pas évident de trouver les financeurs et les rouages pour atteindre les personnes clés. Il y a des leviers mais qui sont très mal exploités.

D'autant que le résumé facile c'est de faire des Outre-Mer un paradoxe entre envie d'autonomie et demande d'aides. Les deux idées sont pourtant loin d'être opposées pour Angèle Dormoy.

C'est ce qui n'est pas compris encore. On peut vouloir une autonomie dans ses démarches, sa gestion et sa gouvernance, sans pour autant être indépendants. On veut rester Français mais ça ne veut pas dire qu'on doit être les enfants de la France, on veut grandir en étant Français.

C'est même un sentiment légitime pour le président de l'AJDOM, Ferdinand Melin Soucramanien, pour qui tout est question de dosage.

Tout ultramarin comprend ce sentiment. C'est à la fois un désir d'autonomie et d'émancipation et un besoin de relation avec la France. Les deux sentiments ne sont pas contradictoires, c'est le dosage qui varie entre les individus. 

À n'en pas douter, la définition de ce dosage fera justement partie des sujets centraux lors du Comité Interministériel pour l'Outre-Mer du 6 juillet, à Matignon.

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