Un appel à l'action pour les récifs coralliens lancé à Paris

Par 13/12/2023 - 11:20 • Mis à jour le 13/12/2023 - 11:23

Depuis ce mardi 12 décembre, et durant trois jours, la capitale accueille l'événement “Le Paris des Récifs”, un colloque qui rassemble l'ensemble des acteurs du LabEx Corail, mais aussi des responsables politiques et le grand public autour de la thématique de la préservation des coraux en Outre-Mer. L'enjeu est de taille face à une situation inquiétante à l'échelle internationale.

    Un appel à l'action pour les récifs coralliens lancé à Paris

Les estimations divergent mais on estime que près de 20% des récifs coralliens auraient déjà disparu dans le monde. Les Outre-Mer ne sont évidemment pas épargnés, et c'est dans cette urgence que le LabEx Corail travaille collectivement, sur tous les bassins océaniques français, depuis bientôt quinze ans, pour mettre en commun leurs travaux scientifiques. Réunis à Paris cette semaine, ces chercheurs espèrent lancer un message à l'action. Sans sombrer dans le pessimisme, il faut absolument alerter sur cet enjeu pour Serge Planes, du CNRS et directeur du LabEx Corail, singulièrement pour les Antilles en ce moment.

C'est assez catastrophique. Sur les Antilles, on est sur un blanchissement comme jamais, selon les travaux sur place, cela veut dire de 70 à 90 % du corail qui va disparaître à la fin de la période de blanchissement actuelle. Cela reviendra peut-être mais la récupération sera très très lente.

Pour ce dernier, la prise de conscience n'est pas encore à la hauteur de l'enjeu. 

Je n'ai pas le sentiment qu'il y ait une prise de conscience collective sur la situation. Il y a parfois une sonnette d'alarme qui est tirée localement mais elle est vite oubliée par l'actualité qui passe. On est dans un système de news, or on est dans des systèmes longs, lents, la récupération est lente pour le corail, et il faut une prise de conscience sur la durée.

Un LabEx à préserver

S'inscrire dans la durée, c'est ce qu'a fait le Labex Corail depuis bientôt 15 ans, en travaillant sur tous les territoires et toutes les thématiques et c'est un effort qui paye pour Cécile Fauvelot, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

C'est bien d'avoir différents types d'écosystèmes, car en Guadeloupe, il est très différent de celui de la Réunion ou de la Polynésie. En plus, cela a été un travail pluridisciplinaire, donc ça a permis de travailler sur un objectif commun qui est une meilleure compréhension de ces écosystèmes coralliens.

Sauf que le Labex Corail doit prendre fin l'année prochaine, l'objectif de ce colloque parisien est donc aussi d'insister pour le prolonger et poursuivre les actions d'un collectif désormais bien constitué pour Nabila Gaertner Mazouni, de l'Université de Polynésie. 

Il y a beaucoup de nouvelles questions qui ont émergé. On a élaboré de manière collective un ouvrage dans lequel on liste tout ce qu'il reste à faire. L'avenir par rapport au dérèglement climatique reste encore une question pour laquelle on n'a pas vraiment de réponse.

Sensibiliser le politique et le grand public

À l'occasion du "Paris des Récifs", les organisateurs s'intéressent à la fois à l'aspect politique, en organisant des tables rondes, conférences et échanges au sein de lieu de décision comme le ministère, pour présenter les avancées du LabEx Corail et l'importance de préserver cette force d'action. En parallèle, des événements pour le grand public sont proposés, comme des expositions, animations, une soirée en présence de l'acteur Lambert Wilson, ambassadeur de cette cause, ainsi qu'une application nommée To'a, pour visiter virtuellement le lagon polynésien, est inaugurée durant ces quelques jours.

L'enjeu est de taille pour sauver le corail, parfois oublié dans l'urgence climatique. Pour Francis Staub, coordinateur de l'Initiative internationale pour les récifs coralliens, qui porte cette cause auprès des acteurs publics, ce travail scientifique est nécessaire. 

Loin des yeux, loin du coeur! Comment protégez un récif corallien ? C'est compliqué d'y répondre. Pour le plastique c'est assez clair, on arrête la production, pour le corail c'est plus compliqué. Il y a de plus en plus d'efforts, mais il y a aussi de plus en plus de pression, donc on a besoin de la science pour porter les messages justes auprès des décideurs politiques. 

L'avenir des écosystèmes coralliens est clairement en jeu et les acteurs réunis dans la capitale espère bien remporter ce "pari des récifs" qui se déroule jusqu'à ce jeudi.  

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