Attal, Macron: où sont les femmes ?

Par 12/01/2024 - 11:14

La parité, mais pas l'égalité. La répartition genrée des postes ministériels au sein du gouvernement Attal, le premier depuis 2017 sans aucune femme aux rôles régaliens, alourdit le passif d'Emmanuel Macron déjà creusé par son soutien assumé à Gérard Depardieu.

    Attal, Macron: où sont les femmes ?
Emmanuel Macron, Gabriel Attal

Sept hommes, sept femmes: sur le papier, le compte est bon. Mais déjà, la première liste publiée au Journal officiel révèle le déséquilibre. Tous les hommes sont ministres de plein exercice, alors que trois femmes sont "déléguées auprès du Premier ministre" - un homme de plus.

Dans le détail, la balance penche encore davantage. A Bercy? Bruno Le Maire. A Beauvau? Gérald Darmanin. Aux Armées? Sébastien Lecornu. Place Vendôme? Eric Dupond-Moretti. Au Quai d'Orsay? Stéphane Séjourné. Des hommes, partout.

Situation plus vue depuis 2016 et le gouvernement Cazeneuve, le dernier du quinquennat Hollande. Depuis, le président de la République, Emmanuel Macron, avait pris soin de réserver au moins un portefeuille régalien à la gent féminine: Florence Parly à la Défense et Nicole Belloubet à la Justice durant son premier mandat, puis Catherine Colonna aux Affaires étrangères et surtout Elisabeth Borne à Matignon après sa réélection.

« Un gouvernement très masculin »

Au contraire, l'équipe Attal est "un gouvernement très masculin (où) les femmes régressent", regrette la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. A l'image d'une Aurore Bergé "rétrogradée" des Solidarités à l'Egalité femmes-hommes, cette "soi-disant grande cause nationale" dont "le président de la République n'a strictement rien à faire", estime le député RN Sébastien Chenu.

Un reproche récurrent fait au chef de l'Etat, qui a surfé sur la vague Metoo au moment de son accession au pouvoir mais a sans cesse été accusé de ne pas y mettre les moyens nécessaires. D'autant plus lorsqu'il s'émeut d'une "chasse à l'homme" contre un Gérard Depardieu visé par plusieurs plaintes pour viol et agression sexuelle, suscitant un tollé chez les défenseurs de la cause féministe et amenant même une très subtile prise de distance de son épouse Brigitte qui a rappelé "l'importance de la parole des femmes".

"Le mépris des femmes est désormais une ligne pour Emmanuel Macron", soupire la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, pour qui le président "a composé le gouvernement avec Gérard Depardieu". La députée écologiste Sandrine Rousseau ne dit pas autre chose en parodiant une réplique célèbre de l'acteur dans le film "Les Valseuses": "On est bien là, à la fraîche, décontractés de la grande cause".

Les femmes n'ont toutefois pas totalement disparu du casting. La recrue Catherine Vautrin récupère ainsi un grand ministère social aux contours inédits, du Travail à la Santé en passant par les Solidarités. "La place des femmes est partout", a affirmé l'intéressée lors de sa passation de pouvoirs, promettant d'en faire le "fil d'Ariane" de son action.

Inquiétude des féministes

Réputée pour son indépendance, la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, a elle aussi insisté sur la liberté "de penser", "de parler", "de créer" et "de diffuser" qu'elle entend défendre, "notamment pour les femmes". Et pour la première fois sous la Ve République, les Relations avec le Parlement sont confiées à une femme, Marie Lebec.

Des symboles forts, qui n'effacent pas "l'évidence" rappelée par Catherine Colonna en quittant le Quai d'Orsay: "L'égalité entre les femmes et les hommes doit aussi s'exprimer au coeur du domaine régalien". Message transmis à son successeur Stéphane Séjourné, "un homme" dont elle ne "doute pas" cependant qu'il agira "avec la même conviction".

Mais les féministes s'inquiètent de voir confier aux femmes "des ministères genrés" à savoir "santé, social, éducation" qui "font le grand écart" entre les sujets, rendant "difficile de mener de front les batailles", selon la présidente de la Fondation des Femmes, Anne-Cécile Mailfert.

A supposer que le couple exécutif leur en laisse la faculté. A peine promue à l'Education nationale, tout en conservant les Sports, Amélie Oudéa-Castera semble déjà sous tutelle d'un Gabriel Attal qui "emmène avec (lui) la cause de l'école".

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