Elisabeth Borne réveillonne avec les militaires en Guyane

Par 31/12/2023 - 17:17

La Première ministre passe le réveillon du Nouvel An en Guyane, avec les forces armées qui luttent, notamment, contre l’orpaillage illégal. Demain lundi, elle démarrera l'année 2024 sur une pirogue pour visiter un point de contrôle fluvial et un village amérindien.

    Elisabeth Borne réveillonne avec les militaires en Guyane

Elisabeth Borne est arrivée ce dimanche (31 décembre) en Guyane pour passer le réveillon auprès des forces armées qui luttent, notamment, contre l'orpaillage illégal, loin des rumeurs de remaniement et de la tourmente politique provoquée par la loi sur l'immigration.

La Première ministre y restera le 1er janvier et démarrera l'année 2024 sur une pirogue pour visiter un point de contrôle fluvial et un village amérindien.

Sa première visite en Guyane

C'est la première fois qu'elle se rend dans ce département de 300 000 habitants du nord-est de l'Amérique du Sud, frontalier du Suriname et du Brésil qui a, comme l'archipel de Mayotte qu'elle a visité à la mi-décembre, voté à 60 % pour Marine Le Pen à la dernière présidentielle.

Elisabeth Borne a assisté depuis ce territoire lointain aux vœux d'Emmanuel Macron, alors que le chef de l'Etat a promis un "nouveau cap" pour 2024, alimentant les spéculations autour d'un possible remaniement du gouvernement, voire d'un changement de Premier ministre.

La cheffe du gouvernement a expliqué avoir « le sentiment du devoir accompli » après l'adoption de la loi immigration votée par les députés Les Républicains (LR) et ceux du Rassemblement national (RN), qui provoque de vives critiques à gauche et a fracturé la majorité, un quart des députés Renaissance n'ayant pas voté le texte.

Désenclavement

A son arrivée, Elisabeth Borne a rendu hommage, à Cayenne, aux quelque 2 200 militaires et environ un millier de gendarmes stationnés en Guyane, qui ont perdu cette année deux des leurs dans des opérations contre l'orpaillage illégal. L’ancienne ministre de gauche, Christiane Taubira, qui n'a plus de mandat électif, était présente. 

La Première ministre s'est entretenue ensuite avec la maire de Cayenne Sandra Trochimara, qui souhaitait, après la mort la veille de Noël de quatre enfants dans un accident de pirogue taxi, lui parler du désenclavement du département, grand comme le Portugal, mais où existent seulement deux routes nationales.

Elle comptait aussi lui demander des "moyens supplémentaires" contre l’orpaillage clandestin et la pêche illégale.

A Maripasoula

La Première ministre a ensuite échangé avec le président de la collectivité territoriale Gabriel Serville, avant de s'envoler pour la ville de Maripasoula dans la forêt amazonienne (sud ouest).

La cheffe du gouvernement, accompagnée de la secrétaire d'Etat à la Jeunesse et au Service national universel, Prisca Thevenot, y visitera, demain lundi, un site souvent touché à Dorlin, où opèrent notamment les forces du 9e RIMa (régiment d'infanterie de marine).

C'est là que le 25 mars un major du GIGN, Arnaud Blanc, 35 ans, a été tué alors qu'il participait avec neuf camarades à une opération contre ces chercheurs d'or clandestins.

Début mai, un piroguier et chef coutumier des Teko, membre des Forces armées de Guyane (FAG), est décédé dans un accident de pirogue lors d'une opération nocturne sur le fleuve Oyapock (est).

Lutte contre le trafic de stupéfiants

Avant de reprendre l'avion pour Paris, elle évoquera la lutte contre le trafic de stupéfiants à l'aéroport de Cayenne. La Guyane est connue pour être une plaque tournante d'approvisionnement de la métropole en drogue, notamment la cocaïne.

Un contrôle systématique des voyageurs à destination de la métropole a été instauré il y a un an, afin d'empêcher les "mules" - ces passagers qui transportent des stupéfiants dans leurs bagages ou en les ingérant - d'acheminer la drogue. 

Ce qui a permis de diminuer fortement les saisies de stupéfiants à l'arrivée dans l'Hexagone, mais certains contestent en justice une dérive arbitraire.

Ce trafic explique en partie la violence à laquelle est confronté le département, qui détient le record du plus grand nombre d'homicides par habitant en France, bien qu'il soit bien doté en forces de sécurité.

« Les particularités en termes de délinquance, ce sont la continentalité de son territoire et la porosité de ses frontières, longues et difficiles à contrôler. Cela favorise l'orpaillage illégal, les trafics d'armes et de stupéfiants », explique la criminologue Gaëlle Compper-Durand. 

A ce contexte géographique s'ajoute une grande pauvreté profitable aux réseaux criminels. En Guyane, 53 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, d'après l'INSEE.

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