L'institut national du cancer lance un programme sur le lien entre le chlordécone et le cancer de la prostate

Par 28/11/2019 - 10:47 • Mis à jour le 28/11/2019 - 10:52

Quelques jours après l'adoption du rapport sur l'usage du chlordécone aux Antilles, l'Institut National du Cancer ouvre un nouveau programme d'étude sur les conséquences du pesticide au regard du nombre record de cancer de la prostate en Martinique et en Guadeloupe.

    L'institut national du cancer lance un programme sur le lien entre le chlordécone et le cancer de la prostate

Doté de 3 millions d'euros et prévu pour durer 5 ans, ce programme de recherche vise à répondre à la question du lien entre l’exposition à la chlordécone et le risque de cancer de la prostate.

Ce programme, annoncé par Agnès Buzin, ministre de la santé lors de son audition par la commission d'enquête, favorisera l’interdisciplinarité et la coopération d’équipes provenant de domaines différents comme l’épidémiologie environnementale, la toxicologie, l’onco-urologie, la génomique, la santé publique, les sciences humaines et sociales, les mathématiques et les sciences de l’informatique.

Saisi depuis 2018 par la direction générale de la santé, l'institut national du cancer devra se pencher à nouveau sur les problèmes de méthodologie et de protocole qui n'ont pas permis aux études Madiprostate et Karuprostate d'être réellement pertinentes.

Les études menées jusqu’à présent n’ont pas permis de répondre à cette question de santé publique.

L’étude Karuprostate, basée sur une méthodologie de type cas/témoins et menée en Guadeloupe entre 2004 et 2007, n’a pas permis de comparer les deux groupes ni sur l’âge ni sur les facteurs de risque classiques de survenue du cancer de la prostate. Bien qu’elle se base sur un nombre de patients suffisant (600 patients atteints du cancer de la prostate et 600 personnes indemnes de la maladie), l’absence possible de comparaison sur ces caractéristiques représente un biais pouvant impacter les résultats ;

Quant à l’étude Madiprosate en Martinique, développée sur le modèle de Karuproste, elle a fait l’objet d’une phase pilote, entre 2012 et 2014, préalable à son déploiement. Financée par l’Institut national du cancer, il s’agissait de s’assurer que la méthodologie retenue par les chercheurs permettrait de répondre à la question du lien entre l’exposition à la chlordécone et le risque de survenue du cancer de la prostate. Le comité d’experts indépendant, en charge d’étudier d’une part le projet et d’autre part d’évaluer les résultats de la phase pilote ont conclu, malgré la crédibilité de l’équipe porteuse du projet, à l’inadéquation entre les choix de protocole et les objectifs fixés pour cette étude.

Alors que la question des réparations et des suites judiciaires est désormais au centre des discussions, il semble que sur l'aspect sanitaire les scientifiques soient contraints de reprendre depuis les bases.

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