Affaire Célini : meurtre ou assassinat?

Par 24/02/2022 - 13:50

On a entamé, ce jeudi matin, la quatrième et dernière journée du procès des meurtriers d'Alain Célini. Glorence Geremy et Laurent Blocail seront fixés ce soir, sur le sort que leur réservera la Cour d'Assises de Basse-Terre. Mercredi, l'Avocate Générale a requis 30 années de réclusion criminelle pour la première et 25 ans pour le second. Le Ministère public a laissé entrevoir qu'il pourrait y avoir eu préméditation dans ce crime, commis le 9 novembre 2018, au Gosier. Ainsi, il ne s'agirait pas d'un homicide volontaire mais d'un assassinat. Une thèse farouchement dénoncée et combattue toute la matinée par les trois avocats de la défense qui rejettent une hypothèse que l'instruction avait déjà écartée,.

    Affaire Célini : meurtre ou assassinat?

En débutant leurs plaidoiries, ce matin, les trois avocats de la défense avaient deux objectifs: faire tomber cette hypothèse de la préméditation, arrivée comme un cheveu sur la soupe, mercredi et tout tenter pour faire atténuer les réquisitions de trente et vingt-cinq années de réclusion criminelle, portées à l'encontre, respectivement, de Florence Gérémy et laurent Blocail.

Ainsi, tour à tour, maître Sandra Adonis, Lorenza Bourjac et surtout Babacar Diallo, ont pilonné les réquisitions de l'Avocate Générale.

Non seulement sur la lourdeur du quantum mais également et surtout sur l'hypothèse de l'acte prémédité.

Des charges ciblées en direction d'une accusation qui a évoqué que l'on était en présence d'un assassinat et non d'un meurtre. Ce à quoi Maître Babacar Diallo a rétorqué, disant que cela ferait jurisprudence, si le jury acquiesçait  le fait que Florence Geremy ait pu préméditer un acte criminel en tuant Alain Célini avec une pelle.

Certes, a-t-il poursuivi, tout le monde le reconnaît d'ailleurs, il s'agit d'un crime odieux et affreux mais il s'agit aussi d'un concours de circonstances, déroulées dans des conditions particulières et de façon spontanée et précipitée et non préparée et méthoque comme l'ont laissé entendre, mercredi, les avocats des parties civiles et le Ministère Public.

En effet, pendant deux années, l'instruction a fouillé toutes les hypothèses et a émis un doute sur celle de la préméditation, qu'elle a fini par écarter.

Pendant tout ce temps, à chaque étape de l'évolution de ce dossier, l'Avocate Générale, présente dans ce procès depuis lundi, s'est retrouvée en première ligne et à aucun moment, elle ne s'est pas opposée à la version finale des conclusions de l'instruction, qui ont abouti à un meurtre simple, comme l'ont rappelé collégialement les avocats de la défense.

C'est notamment sur cette base juridique que les trois avocats ont insisté pour axer leurs plaidoiries.

S'adressant au jury, à la fin de la sienne, Maître Babacar Diallo, le dernier à plaider, s'est retourné vers les six jurés populaires et les trois magistrats professionnels, en leur demandant d'être justes et équitables. De reconnaître, certes, un crime horrible, mais de ne pas se perdre sur une préméditation qui n'a jamais été démontrée.

Le jury est ainsi parti délibérer et il faudra attendre plusieurs longues heures avant de connaître un verdict, qui devra déterminer si nous sommes en présence d'un homicide volontaire ou d'un assassinat, puis se prononcer sur un quantum de peine qui, quelque soit le verdict, sera très lourd de conséquences et de signication.