Commission chlordécone : audition de Frédérique Vidal et Agnès Buzyn

Par 14/10/2019 - 16:54

«Scandale», «fléau», «drame», «responsabilité»...les premières ministres auditionnées par la commission d'enquête chlordécone semblent se placer dans la lignée des déclarations d'Emmanuel Macron en septembre 2018 en Martinique. Frédérique Vidal, ministre de la Recherche, puis Agnès Buzyn, ministre de la Santé, ont donc été entendues par les parlementaires l'une après l'autre.

    Commission chlordécone : audition de Frédérique Vidal et Agnès Buzyn

AUDITION DE FREDERIQUE VIDAL, MINISTRE DE LA RECHERCHE

L'intervention de Frédérique Vidal n'a pas convaincu le président de la commission Serge Letchimy, pour lequel le discours et les propositions étaient trop légères. La ministre de la recherche a indiqué vouloir que la recherche sur le chlordécone fasse l'objet "d'un volet spécifique" au sein du prochain plan national santé et environnement, alors que le président de la commission, Serge Letchimy, lui réclamait d'en faire une "priorité stratégique nationale en soi". Un souhait très difficile à exaucer selon la ministre, et une réponse qui n'a pas satisfait Serge Letchimy. Ce dernier, très énervé lui a formulé cette réponse : "Ce que nous demandons, c'est que l'État reconnaisse la priorité, parce que derrière ça il y a la responsabilité de l'État" [...] "Mon ton est celui d'un homme blessé, il y a 800.000 blessés comme moi" aux Antilles.

AUDITION D'AGNES BUZYN, MINISTRE DE LA SANTE

Agnès Buzyn a quant à elle davantage convaincu, sans doute en raison de son empathie affichée mais aussi de ses propositions plus concrètes. Elle a appelé ce lundi à bâtir un nouveau plan chlordécone, prévu en 2020, "plus ambitieux". Pour la ministre, l'urgence est d'établir un accès à une alimentation non contaminée. Elle a rappelé que l'insecticide est "un perturbateur endocrinien mais aussi un cancérogène de niveau 2B" (cancérogène possible) selon la classification de l'OMS.

"Nous devons construire un plan encore plus ambitieux (...) ce plan chlordécone, nous voulons le co-construire avec les habitants (...) c'est un impératif", a déclaré la ministre lors de son audition à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête parlementaire sur le chlordécone qui persiste dans l'environnement pendant des centaines d'années. 

Reprenant à l'identique les formulations utilisées par Emmanuel Macron il y a un an à ce sujet, Agnès Buzyn a déclaré que "l'Etat (devait) prendre sa part de responsabilité" dans ce dossier et évoqué "un aveuglement collectif". "Cette reconnaissance d'une responsabilité collective (...) date d'une époque où la santé publique pesait moins dans les décisions qu'aujourd'hui", a avancé la ministre. Selon Santé publique France, "plus de 90% de la population adulte" en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone.

Le compte-rendu de ces auditions avec Aline Druelle.

La réaction de Serge Letchimy au sortir de ces auditions, au micro d'Aline Druelle

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