"Les fossoyeurs" : lumière sur la maltraitance infligée à certains séniors dépendants
La maltraitance des résidents d'Ehpad est au cœur d'une polémique après la publication cette semaine du livre “Les fossoyeurs” de Victor CASTANET. Une sortie qui fait beaucoup de bruit. Les directeurs de certaines résidences de séniors s'inquiètent des conséquences de cette enquête sur la relation avec les familles des résidents.
Toilettes incomplètes sans brossage de dent, gestes rapides, échanges limités, prothèses auditives ou lunettes oubliées mais aussi repas distribués à la va-vite, Victor Castanet, l'auteur du livre, y répertorie toutes les dérives du système mis en place par le groupe Orpéa, qui gère plusieurs établissements pour personnes âgées dépendantes.
Des dénonciations qui concernent, pour la plupart, les conditions de vie des résidents des structures du leader mondial des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes et des cliniques privées mais aussi leur prise en charge médicale ou le rationnement des repas. Un système très lucratif serait ainsi mis en place, à en croire les extraits du livre, repris quotidiennement depuis le 26 janvier dernier, par la presse nationale.
Le scandale tourne au séisme dans la société française mais ne crée pas non plus une véritable surprise auprès des associations et amis des personnes âgées et de leur famille. En effet, depuis longtemps, la problématique de la prise en charge des résidents est connu et les manques de personnel et de moyens sont dénoncés. En effet, en 2018, l'émission Envoyé Spéciale avait déjà pointé de graves carences dans des Ehpad privés. Des carences qui entraînent de la maltraitance et une véritable déshumanisation des soins apportés.
Désormais, le gouvernement indique vouloir renforcer les contrôles dans les Ehpad et le groupe Orpéa prévoit également deux enquêtes sur ce dossier. Deux cabinets indépendants seraient effectivement mandatés pour audits.
En attendant, comme sur tout le territoire nationale, le livre fait réagir les directeurs des 24 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes qui existent en Martinique. Rony Louis Achille est directeur de l'Ehpad "Le temps de vivre", au Carbet et délégué martiniquais du Synerpa, le syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées:
De telles pratiques, si elles existent, vont à l'encontre des valeurs que nous défendons depuis de nombreuses années dans nos établissements.
En cette période de pandémie, il appelle également à la plus grande transparence pour rétablir une relation de confiance avec les familles. Il rappelle surtout que la situation des Ehpad en Martinique n'a strictement rien à voir avec ce qui est décrit dans le livre:
Les familles martiniquaises le savent déjà mais aujourd'hui nous voulons les rassurer sur le fait que nous irons au bout de la mission qui nous a été confiée.
Depuis de nombreuses années, les pouvoirs publics sont incités à s'emparer du sujet. La loi grand âge, par exemple, devait donner davantage de moyens au secteur, revaloriser des métiers qui peinent à recruter et préparer la France à affronter la hausse du nombre de seniors en perte d'autonomie, qui pourraient augmenter considérablement avec la génération du baby-boom de l'après-guerre. Cette loi a été à plusieurs reprises reportée par l'exécutif, pour être finalement abandonnée.
Le Synerpa et la confédération de l'hébergement, de l'aide et de l'accompagnement de la personne âgée s'emparent du dossier et feront le point de la situation des Ehpad en Martinique dès le début de la semaine.
