L'hôpital psychiatrique de Martinique célèbre ses 70 ans d'existence

Par 27/04/2024 - 09:50 • Mis à jour le 27/04/2024 - 20:31

70 ans après l'ouverture de Colson, le traitement des maladies mentales jouit d'une meilleure réputation en Martinique. Pourtant, le manque de moyen reste criant.

    L'hôpital psychiatrique de Martinique célèbre ses 70 ans d'existence

2024, année de festivités au centre hospitalier Maurice Despinoy. L’établissement fête ses 70 ans. Des manifestations sont prévues jusqu’à la fin de l’année 

Hier (vendredi 26 avril), une stèle réalisée par les équipes technique de l’hôpital et les équipes du centre de soins pour adolescents a été dévoilée devant l’hôpital de Mangot Vulcin. 

Tous les mois, de nombreux rendez-vous seront au programme pour parler de la psychiatrie et de l’évolution de sa prise en charge sur notre territoire. 

Aujourd’hui, 1 martiniquais sur 4 souffrirait de troubles de la santé mentale. En sept décennies, les méthodes de soins ont sensiblement évolué, comme le note Stéphane Berniac, directeur du centre hospitalier Maurice Dépinoy

Clairement, quand on voit ce qui se passait il y a 70 ans, quand on regarde dans le rétroviseur, lorsqu'on était sur le site de Colson, c'était beaucoup mieux que ce qu'il y avait auparavant sur le site de Fort de France, dans l'ancienne Maison d'Arrêt. Mais néanmoins, cette vision colsonienne, elle représentait quand même des patients qui étaient certes dans un cadre verdoyant, lumineux, avec des espaces verts pour faire beaucoup d'activités, des promenades. Mais néanmoins, on était dans des chambres à six, sept, huit patients qui pouvaient souffrir de pathologies qui étaient incompatibles, avec beaucoup de violences entre eux ou vis-à-vis des professionnels. Par rapport à cette difficulté-là, on voit que sur Montgo Vulcin, clairement, avec des chambres individuelles ou des chambres doubles et des espaces plus adaptés à la prise en charge, nous arrivons quand même, en tous les cas, à se donner le maximum de chances, de meilleures chances de pouvoir les soigner.

Si les personnes souffrant de troubles de la santé mentale continuent parfois d’être l’objet de stigmatisation, l’évolution de la prise en charge a permis une meilleure reconnaissance des pathologies psychiatriques. Des maladies qui touchent bien plus de personnes qu’on imagine en Martinique.

Le fait de mieux connaître l'offre de santé et dire aussi à la population qu'il y a une offre qui peut leur permettre de s'exprimer, de prendre en compte leurs pathologie qui va également leur permettre de faire valoir leurs droits, parce que c'est important aussi de respecter les droits et la dignité de ces personnes-là, ça libère davantage la parole. Surtout, ça permet aux familles d'orienter ces patients-là, parce que quelquefois, les familles cachaient aussi ces personnes-là ou disaient qu'en gros, soit il y avait un quimbois ou qu'une malédiction ou je ne sais quoi qui était tombée sur la famille. Non, maintenant, on dit que c'est une maladie comme un cancer, un diabète, une hypertension. Ça fait partie des maladies qui aujourd'hui consomment le plus de soins en Martinique. Et pour ces pathologies, il existe une réponse et une offre de soins sanitaires, et aussi médico-sociales, pour répondre aux besoins des patients

Manque de moyens humains

La prise en charge de ce type de pathologies mobilise plusieurs spécialités médicales. Et dans certains domaines, les ressources humaines manquent reconnaît Séphane Berniac :

La psychiatrie est une spécialité qui est sinistrée au niveau national et encore plus chez nous. Le parent pauvre de la psychiatrie, c'est surtout la pédopsychiatrie où là, on est encore plus en difficulté. Sur le territoire national, nous avons à peu près une quarantaine de départements qui n'ont aucun pédopsychiatre, ni en public ni en libéral. Nous, à notre niveau, nous réussissons à avoir à peu près une dizaine de pédopsychiatres, mais néanmoins, c'est largement insuffisant par rapport aux besoins à la taille de notre territoire, puisque le propre de la psychiatrie, c'est d'être au plus près de la population sur les territoires. C'est très compliqué de recruter des orthophonistes, des ergothérapeutes, des psychomotriciens et également des psychologues. On commence aussi à avoir des difficultés à trouver des psychologues, même si c'est un peu moins criant que sur les autres spécialités. Sinon, sur les autres spécialités que sont infirmiers et aides-soignantes, nous réussissons à trouver des professionnels.

Des personnels qu'il faut absolument sensibiliser à la culture psychiatrique

Nous avons un véritable enjeu pour pouvoir les acculturer à la psychiatrie et les faire monter en compétence assez rapidement. Parce que sur ce type de prise en charge, il nous faut avoir des professionnels qui disposent de la boîte à outils et des compétences spécifiques et singulières de la psychiatrie pour pouvoir non seulement prendre en charge correctement les patients, mais aussi avoir les bons gestes et les bons réflexes pour ne pas se mettre en difficulté

Pourtant au regard des conséquences et surtout des bénéfices sociaux que peuvent engendrer une bonne prise en charge psychiatrique, il s'agit d'un enjeu de santé publique majeur sur l'ensemble du territoire national et local.

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