Droguée au GHB, elle témoigne

Par 23/02/2022 - 18:55 • Mis à jour le 24/02/2022 - 10:54

Lors d'une soirée entre amis, comme elle a l'habitude d'en faire, Mélissa a été victime du GHB, vendredi dernier. La jeune femme, très active sur les réseaux sociaux a voulu témoigner de cette expérience choquante. Face à une amnésie de six heures, elle a cherché à comprendre ce qui s'est passé et reçoit depuis, de nombreux témoignages de jeunes filles et jeunes hommes dans la même situation. A l'approche du Carnaval et des traditionnelles fêtes qu'il promet, Mélissa témoigne et alerte sur le phénomène du GHB qui prend de l'ampleur, aussi en Martinique.

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droguée au GHB, Mélissa témoigne

Alors qu'elle est en soirée, Mélissa boit un verre quand elle se sent tout à coup mal. Ses amis lui propose alors de s’asseoir et de lui donner de l'eau. Elle tombe alors au sol sur une coupe de champagne et se blesse au genou.

Un serveur intervient pour l'isoler des regards. C'est alors qu'elle se met à vomir sans même pouvoir lever la tête ou se tourner.

Ses amis la ramènent ensuite chez elle où elle se réveille quelques heures plus tard, toute étourdie. Elle ne se souvient de rien et ne comprend pas ce qui vient de lui arriver. 

Après toute une journée de nausées et de vertiges, elle décide de se rendre aux urgences de l'hôpital Pierre Zobda Quitman pour son genou qui de l'avis d'un médecin nécessite d'être recousu. Elle raconte alors qu'on lui signifie qu'il est trop tard pour être soignée. Elle rentre finalement chez elle après s'être arrêtée dans une pharmacie.

Mais cette soirée et la perte de tous ses souvenirs la hante. Elle commence à en parler sur les réseaux sociaux et reçoit de nombreux témoignages de personnes ayant vécu de telles expérience, dans la même soirée ou ailleurs:


Il n'y a que notre corps le lendemain pour témoigner de ce qui nous est arrivé et j'ai lu des témoignages tellement horribles où des filles se sont rendue compte qu'en fait, c'était peut être ça qui leur était arrivé. En fait, on n'a tellement pas de mémoire de ce qui s'est passé, on se dit que c'est improbable qu'on ait pu abuser de nous et qu'on se soit réveillé chez nous. Mais en fait, c'est tout à fait possible.

 

S'il peut être courant d'être un peu désinhibé après avoir bu un peu d'alcool, Mélissa souhaite aujourd'hui alerter sur le GHB, aussi appelé drogue du violeur.

En effet, ce produit, utilisé comme médicament en France, notamment dans la narcolepsie ou en anesthésie, est de plus en plus souvent utilisé dans le milieu de la nuit, à des fins de soumission chimique.

Il est très difficile pour les victimes de GHB, de prouver sa consommation. En effet, les traces disparaissent du sang très rapidement et les souvenirs ne reviennent pas. Dans le pire des cas, une consultation gynécologique peut reconnaître qu'il y a eu viol.

C'est donc sur les réseaux sociaux que la jeune femme a souhaité alerter des usages du GHB, de plus en plus fréquents, sur notre île. Elle craint notamment que la période du Carnaval n'accentue ce phénomène:

Quand quelqu'un commence à être incohérent, qu'il commence à vraiment faire n'importe quoi. Si on le connaît, on sait qu'il ne réagit pas normalement. Faut vraiment vraiment appeler les pompiers. Il faut pas le laisser comme ça parce qu'on peut vraiment faire un coma et en mourir.

Comme Mélissa, de nombreuses victimes mettent du temps à comprendre ce qu'elles ont vécu et par honte, ne portent pas plainte.

Pourtant, depuis 2018, l’usage de la drogue du violeur, dans le but d’altérer la conscience d’une personne et de l’abuser sexuellement, constitue désormais dans la loi,  une circonstance aggravante en cas de viol ou d’agression sexuelle. Il constitue même s'il n'y a aucune agression, un délit.

La procureur de la République, Clarisse Taron, encourage donc les victimes à porter plainte:

La honte ne doit pas peser sur les victimes mais sur les auteurs. Il faut le dire, expliquer les circonstances dans lesquelles ca s'est passé parce que c'est la seule solution pour que ça s'arrête.

Ainsi, l'usage du GHB est puni de 5 ans de prison et de 75000 euros d'amende.

Des sanctions qui valent pour toutes les substances administrées à la victime, à son insu.

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