Lectures au Salon du livre de Paris

Par 22/03/2015 - 19:09 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:38

Plus que la journée du lundi 23 mars pour profiter des ouvrages que les auteurs ultramarins exposent. Outre le stand des Outre-mer ( D 35) que l'on voit bien dès que l'on franchit le Hall 1 du parc des expositions de la Porte de Versailles, les stands des Régions Guadeloupe et Martinique font la promotion des écrivains. Ce week-end, Gisèle Pineau, Suzanne Dracius, Ernest Pépin et bien d'autres ont dédicacé leur ouvrage. Deux livres coup de cœur. Mon Histoire du Zouk Editions Nestor Willy Salzedo, et Libres et sans fers Paroles d'esclaves français coécrit par Frédéric Régent Gilda Gonfier Bruno Maillard édition Fayard Histoire

    Lectures au Salon du livre de Paris
Mon Histoire du Zouk ( Editions Nestor) Willy Salzedo, Willy Salzedo qui a accompagné Tanya Saint Val pendant de nombreuses années, a composé pour Jocelyne Beroard, a obtenu plusieurs prix au début des années 2000 pour ses compositions. Les planètes Kassav, Zouk Machine n'ont plus de mystères pour lui, le zouk qu'il a tant servi dans les années 80 et 90, non plus. «Je n'ai pas arrêté la musique, j'ai juste arrêté le show-biz, se défend-t-il. Aujourd'hui, je joue dans des formats plus intimistes, des pianos bars. J'étais plus à l'aise avec l'époque d'avant les années 2000. » Dans son livre, Mon Histoire du zouk,-donc une histoire toute personnelle du zouk- il rend hommage à Kassav, zouk machine, Caracas, Décimus, raconte ses débuts musicaux. L'ouvrage est tres illustré de belles photos et se terminent par un condensé de ses textes qui ont contribué aux tubes que l'on connait, Zouk à gogo, jou apré jou, ka yo fè...Il se défend de regarder dans le rétro avec un brin de nostalgie mais on sent bien que l'esprit zouk actuel ne lui coue plus dans les mains. «  Avant, souligne t il , on faisait tous corps pour promouvoir cette musique, les médias, les producteurs, les organisateurs de tournées.. Aujourd'hui c'est plus compliqué ». L'age d'or du zouk est donc derrière. Et ce n'est pas de la faute des réseaux sociaux ou du streaming gratuit que l'on trouve sur la toile.


Libres et sans fers Paroles d'esclaves français coécrit par Frédéric Régent Gilda Gonfier Bruno Maillard édition Fayard Histoire


Ils s’appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor... Tous sont esclaves en Guadeloupe, à la Réunion et en Martinique. Quand ils comparaissent à la barre des tribunaux, ils sont selon l'expression consacrée de l'époque « libres et sans fers » lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres. Les témoignages rapportés ici sont empreints d'une grande violence. Le fouet, les mises en cachots pendant 22 mois sans voir la lumière du jour, les arbitraires pour entretenir la terreur sont nombreuses. Ces écrits revèlent au grand jour -ce dont on ne doutait pas- des êtres humains doués de courage pour s'imaginer «  une vie » à l'abri des sévices, capables d'organiser une vie sociale rudimentaire- même si il faut demander la permission du maitre pour prendre une épouse...-. Ils mettent en lumière une humanité capable de se penser. Ils nous éloignent de l'image d'épinal trop longtemps véhiculée d'êtres à ranger en deux camps : les soumis totalement aliénés et les marrons qui ne peuvent penser qu'à fuir, chaque instant de la vie. « Ils nous montrent que les esclaves ont des aspirations à la liberté, à l'amour, au bien-être, peut on lire ici.(...) ils montrent que les esclaves sont davantage attachés à survivre qu'à se rebeller ». Co-écrit par Gilda Gonfier, directrice de la médiathèque du Gosier (Guadeloupe), Bruno Maillard, docteur en histoire et chercheur rattaché au Centre de Recherche sur l'Océan Indien, Université de la Réunion (Université de la Réunion) et Frédéric Régent, maître de conférences en histoire à l'université Paris 1 Panthéon- Sorbonne à l'institut d'Histoire de la Révolution française, l'ouvrage met à nu pour tout un chacun ce que le greffiers des tribunaux avaient involontairement laissé aux fonds des tirroirs. Texte et photo @fthomasRCI