Pas de "forte culture de concurrence" Outre-mer ?

Par 17/04/2019 - 05:22 • Mis à jour le 18/06/2019 - 11:49

C'est l'un des premiers constats fait par le délégué interministériel Francis Amand, nommé en décembre dernier.

    Pas de "forte culture de concurrence" Outre-mer ?

Il y a quelques mois, pour répondre au mouvement des gilets jaunes à La Réunion, Annick Girardin avait notamment promis la "transparence" sur le coût de la vie. Dans cet objectif, une séance de travail avait eu lieu en décembre dernier au ministère des Outre-mer sur la concurrence et la consommation dans les territoires. Il avait alors été question du renforcement et de l'élargissement du rôle des Observatoires des prix, ou encore de l'élaboration de nouveaux indicateurs pour avoir plus de transparence sur la construction des prix.

Lors de cette réunion, la nomination d'un délégué à la concurrence en Outre-mer avait également été annoncée. Francis Amand, inspecteur général de l'INSEE, a pour mission de travailler sur le renforcement de la transparence des prix dans les territoires, notamment par la lutte contre les pratiques commerciales déloyales, les ententes, les abus de position dominante...

Francis Amand a été auditionné la semaine dernière par la délégation Outre-mer de l'Assemblée Nationale. A cette occasion, il a fait part de son premier constat  : celui d'une concurrence dans les DROM "contrainte par l'étroitesse des marchés". "Il n'y a pas une forte culture de la concurrence en Outre-mer", a-t-il ainsi exposé, l'expliquant notamment par le modèle appliqué de "négociation amicale". Pour corriger le tir, Francis Amand a présenté plusieurs pistes, pour les consommateurs, les entreprises et les élus : des vrais comparateurs de prix, davantage de promotion du Bouclier Qualité Prix, encourager les constitutions de coopératives, pousser les professionnels à dénoncer les pratiques dont ils sont victimes, favoriser l'arrivée de nouveaux opérateurs de distributions pour tester les circuits d'approvisionnement, voir comment les infrastructures essentielles pourraient être partagées, conditionner certaines aides...

"Les pouvoirs publics, l'administration doivent aussi faire l'évaluation concurrentielle ultramarine de l'action publique et des lois", a-t-il indiqué. Et de conclure : "La tâche est immense et difficile car les résultats ne peuvent être que progressifs".

Pour l'instant, Francis Amand s'est rendu à La Réunion mais il prévoit prochainement des déplacements en Guyane puis aux Antilles.