Revalorisations des retraites agricoles : pas pour maintenant

Par 08/03/2018 - 13:53 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:51

Le Sénat devait examiner hier le projet de loi sur la revalorisation des retraites mais rien ne s'est passé comme prévu.

    Revalorisations des retraites agricoles : pas pour maintenant

 

Il y a un peu plus d'un an, à l'Assemblée Nationale, les votes avaient été unanimes pour ce texte qui prévoyait en 2018, dans un premier volet, une revalorisation des retraites pour les professionnels de l'Hexagone à 85% du SMIC net, contre 75% aujourd'hui.

Le titre II du texte évoque spécifiquement les Outre-mer où les retraites sont encore plus faibles, estimées en moyenne à 300/350 euros par mois, et parfois bien en deçà. Le projet de loi prévoit donc un rattrapage pour parvenir à une retraite à 75% du SMIC, grâce à un dispositif complémentaire de points accordés aux professionnels. Ces derniers doivent aussi pouvoir bénéficier désormais du régime d'assurance vieillesse complémentaire.

Mais hier matin, surprise pour les sénateurs : le gouvernement avait déposé un amendement et enclenché la procédure dite du "vote bloqué", ce qui entraînait au mieux une application de la réforme...en 2020. Un "abus de droit", un "déni de démocratie", un "mépris du monde agricole" dénoncé par les parlementaires. Après la discussion générale, le groupe CRCE à l'origine du texte, a décidé de le retirer de l'ordre du jour et de le présenter pour un nouvel examen mi-mai.

"C'est un scandale, on nous répond que c'est dans la Constitution mais c'est inédit et d'autant plus grave qu'il s'agit des retraites agricoles, les pensionnés sont des laissés pour compte", a réagi le sénateur Victorin Lurel.

"Au moment où l'on parle de revoir la Constitution, on voit que la démocratie est en danger", a déploré la sénatrice Victoire Jasmin. Et d'ajouter : "Les agriculteurs attendaient des signes forts, on connaît leur situation surtout Outre-mer, mais on voit que le gouvernement a bloqué le vote et que ces personnes devront encore attendre, ce n'est pas acceptable".

La semaine dernière, au Salon de l'Agriculture, le Premier ministre Edouard Philippe avait été interpellé sur le stand de la Martinique à propos de cette revalorisation des retraites. "C'est horriblement compliqué, il y a plein de régimes différents et il faut trouver un dispositif juste, c'est un sujet général qu'on a en tête, il n'est pas pour l'instant mais il viendra", avait-il répondu à un professionnel, laissant déjà augurer de ce qui s'est produit ce mercredi au Sénat.