À Reims, l'émotion après le meurtre d'une infirmière, la sécurité des soignants en question

Par 23/05/2023 - 13:21 • Mis à jour le 23/05/2023 - 13:25

Le décès d'une infirmière agressée au couteau hier (lundi 22 mai) à l'hôpital de Reims a provoqué une profonde émotion chez les soignants et dans la classe politique, le ministre de la Santé François Braun promettant une réunion jeudi sur la "sécurité" dans le secteur de la santé.

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Minute de silence à l'hôpital de Reims en hommage à l'infirmière tuée @CHU de Reims

La victime, Carène Mezino, âgée de 37 ans, a été attaquée au couteau hier en début d'après-midi. Elle est morte "en milieu de nuit", a indiqué ce matin (23 mai) le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette.

L'agresseur présumé, un homme de 59 ans aux antécédents psychiatriques lourds, est soupçonné d'"assassinat", mais aussi de "tentative d'assassinat", une secrétaire médicale ayant elle aussi été blessée lors des faits.

Cet homme avait bénéficié en juin 2022 d'un non-lieu "pour irresponsabilité pénale" après une mise en examen pour des "violences aggravées" dans une précédente affaire. Selon une source proche du dossier, il s'agissait déjà d'une agression au couteau.

Faisant part de sa "grande tristesse", la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne a associé ce drame à la mort de trois policiers du Nord dimanche dans une collision et à celle d'un agent de la Direction interdépartementale des routes Atlantique (Dira) fauché par une voiture lundi en Charente-Maritime.

L'engagement "quotidien" des agents publics "est essentiel au bon fonctionnement de notre pays", a-t-elle insisté.

Yeux humides

L'agression s'est déroulée dans l'unité de médecine du travail de l'hôpital, située à coté du service de psychiatrie où était suivi le suspect, a affirmé à l'AFP Sandrine Calvy, responsable CGT-Santé dans la Marne.

Selon Valérie Rozalski, secrétaire générale CGT de l'établissement, l'attaque "a eu lieu dans les vestiaires". "A priori, elle avait taché sa blouse et elle allait se changer."

L'infirmière est morte en dépit de "nombreuses heures de prise en charge au bloc opératoire et en réanimation", a précisé le CHU dans un communiqué.

Yeux humides et sanglots étouffés, des centaines de ses collègues ont observé une minute de silence mardi en début d'après-midi dans la cour de l'hôpital.

La directrice générale de l'établissement, Laetitia Micaelli-Flender, a rendu hommage à une femme "qui a passé sa vie au service des autres".

Une minute de silence sera également respectée mercredi dans tous les hôpitaux de France, à la demande de François Braun, qui s'était rendu lundi soir au CHU de Reims.

Interpellé à trois reprises lors des questions à l'Assemblée nationale, le ministre a promis de réunir jeudi matin syndicats et représentants des professionnels de santé pour "qu'on voie tout de suite s'il y a des solutions possibles pour améliorer cette sécurité".

"Mais un hôpital est par définition une structure qui est ouverte, qui accueille des personnes malades. Il est très difficile de le protéger à 200%", avait-il prévenu un peu plus tôt, lors du salon Santexpo organisé par la Fédération hospitalière de France (FHF).

Un rapport sur la sécurité des professionnels de santé doit être remis au gouvernement le 1er juin, a indiqué mardi soir sur France Info la ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo. Il apportera "des réponses à cet enjeu", a-t-elle souligné.

« Sans mobile apparent »

Le mis en cause, rapidement interpellé, "semble souffrir de troubles sévères et fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée", avait indiqué le procureur de Reims lundi. Il aurait "agi sans mobile apparent".

Cette agression "nous bouleverse tous", a réagi mardi le président de la FHF, Arnaud Robinet, maire de Reims, au salon Santexpo. "S'attaquer à des sentinelles du soin, à l'hôpital comme en ville, c'est s'en prendre à une certaine idée de ce qui fait notre humanité."

Le patron de LR Éric Ciotti a lui demandé sur RMC-BFMTV "un grand plan psychiatrie" après ce "terrifiant meurtre".

Dénonçant "la situation catastrophique de la prise en charge des malades mentaux", le deuxième syndicat du secteur, Force Ouvrière, a réclamé "des moyens pour l'hôpital".

Si les incivilités sont fréquentes dans les hôpitaux, les agressions graves sur des personnels soignants dans les établissements de santé restent relativement rares, les plus dramatiques ayant lieu dans des établissements psychiatriques.

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