Ex-otages d'Arlit : "Ils sont abandonnés, livrés à eux-mêmes"

Par 28/10/2015 - 16:55 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:29

Deux ans après leur libération, Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand rencontrent d'importantes difficultés pour obtenir une indemnisation juste auprès du FGTI, le Fonds de Garantie des victimes du Terrorisme et des autres Infractions.

    Ex-otages d'Arlit : "Ils sont abandonnés, livrés à eux-mêmes"
Les sourires et larmes visibles sur les visages présents il y a deux ans sur le tarmac de la base militaire de Villacoublay ont disparu. Aujourd'hui, c'est une autre bataille que livre Françoise et Daniel Larribe, Marc Féret, Pierre Legrand et le martiniquais Thierry Dol : celle de leur indemnisation. Comme prévu depuis sa création en 1986 après la vague d'attentats en France, c'est le FGTI, le Fonds de Garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions, qui doit s'occuper de cette question. L'indemnisation se calcule en fonction du préjudice estimé, basé également sur des expertises médicales et psychologiques.

Mais aujourd'hui, la situation est loin d'être réglée. En juillet dernier, les ex-otages refusaient la proposition du fonds de la somme d'environ 350 000 euros, jugée trop faible compte tenu de la durée et des conditions de leur détention. Après des rencontres à l'Elysée, au ministère de la Justice, des promesses au plus haut sommet de l'Etat, les ex-otages d'Arlit affirment être désormais sans aucunes nouvelles. Une absence de réponse qui a été évoquée hier matin au Sénat par le sénateur-maire de Meudon, Hervé Marseille, qui a demandé "rapidité et équité". Par la voix du secrétaire d'Etat Thierry Mandon, le gouvernement a laissé entendre que si la proposition du fonds de garantie n'était pas jugée suffisante, un recours au tribunal était possible pour les principaux intéressés.

Maître Ursulet, l'avocat de Thierry Dol : "c'est consternant, indigne"

L'affaire va-t-elle alors se retrouver au tribunal, avec une action contre l'Etat mais aussi Areva ? "S'ils le veulent, nous allons leur donner satisfaction", a regretté Alex Ursulet, l'avocat de Thierry Dol. "C'est assez consternant pour ne pas dire indigne de voir un gouvernement si compassionnel et qui est ensuite aux abonnés absents", a-t-il ajouté. "Au conseil d'administration du fonds de garantie, il y a quatre représentants des principaux ministères concernés, la Défense, la Justice, Bercy et qui ont leur mot à dire ! Cela a un côté décevant mais aussi effrayant quand on voit ce qu'ils ont vécu, à croire que ces hommes là n'ont aucun affect, aucune dimension humaine".

Maître Ursulet, qui est en contact très régulier avec Thierry Dol, évoque un homme fort, digne mais qui se bat encore au quotidien pour retrouver sa vie. D'où une colère sourde face à cette absence de réactions et de considération pour son client et ses camarades avec lesquels il garde des liens forts. "Ils ont été oubliés dans le désert et là, on les oublie une seconde fois", assène-t-il.

La jurisprudence Jolo, mise en avant par les ex-otages d'Arlit et leurs conseils, avait permis aux anciens captifs français d'obtenir à l'époque environ 2500 euros par jour de détention. Le calcul est rapide. Cela ferait environ 2,85 millions d'euros, très loin des 350 000 euros proposés par le fonds de garantie.

Aline Druelle
@AlineDruelle