"Petits excès de vitesse": l'Intérieur réfléchit à ne plus retirer de point

Par 25/05/2022 - 14:00

Le ministère de l'Intérieur réfléchi à supprimer les retraites de points pour les petits excès de vitesse.

    "Petits excès de vitesse": l'Intérieur réfléchit à ne plus retirer de point

Une réflexion est en cours au sein du ministère de l'Intérieur afin de ne plus retirer de points sur le permis de conduire des automobilistes coupables de "petits excès de vitesse", a-t-on appris mercredi auprès de la place Beauvau.

"On va beaucoup moins taper sur les petits excès de vitesse", a indiqué une source au ministère de l'Intérieur.

"L'idée, c'est que vous ne perdiez plus un point si vous êtes à 5 km/h au-dessus" de la vitesse autorisée, a ajouté le ministère, précisant que les amendes sanctionnant ces infractions seraient en revanche conservées.

En 2020, sur les 12,5 millions de contraventions envoyées pour des excès de vitesse contrôlés par des radars, 58% concernaient des excès inférieurs à 5 km/h, selon une réponse du ministère de l'Intérieur en avril 2022 à une question écrite de la sénatrice (LR) du Var, Françoise Dumont. 

Le permis de conduire et la carte grise seront "également totalement numérisés", a précisé le ministère, qui espère mettre en œuvre la numérisation d'ici "un an et demi, deux ans".

Cette opération doit permettre de garantir que la personne sanctionnée est bien le conducteur fautif et non un tiers, a encore souligné le ministère, afin d'empêcher les fausses déclarations de conducteur pour éviter le retrait de points.

"Ignorance hallucinante"

Cette réflexion intervient entre la présidentielle et les législatives à propos d'un sujet sensible pour une partie des Français. 

En juillet 2018, l'abaissement de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale, sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central, où se concentrent les accidents mortels, avait été suivi de fortes protestations, notamment de la part des "gilets jaunes". 

La piste envisagée par le ministère est "regrettable", estime Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, qui assène qu’il faut être "d’une ignorance crasse et hallucinante pour proposer cela".

"C’est en luttant contre les petits excès de vitesse qu’il y aura une baisse de la mortalité", a martelé Mme Perrichon, contactée par l’AFP.

Pour Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière, créer une "élasticité au seuil" pourrait être pris "comme une invitation à rouler plus vite, au moment où les chiffres de la sécurité routière repartent à la hausse""Cela nous semble écorner le dispositif du permis à point, souvent pris en exemple à l'étranger et apprécié par les Français", a-t-elle affirmé. 

A l’inverse, cette réflexion "va dans le bon sens" pour Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. 

"On est enfin écoutés. C'est une première étape. Ensuite, si les chiffres montrent que les accidents n'augmentent pas, il faudra selon moi envisager d'aménager les sanctions financières", a-t-il indiqué. 

Un total de 2.947 personnes sont mortes sur les routes de France métropolitaine en 2021, un bilan en baisse de 9% par rapport à 2019, année de référence pré-pandémie, selon la Sécurité routière.

En avril, 262 personnes sont décédées sur les routes de France métropolitaine, soit 29% de plus qu’en avril 2021 (203) et 11% de plus qu’en avril 2019. 

Tags