Chlordécone : le parquet de Paris requiert le non-lieu

Par 25/11/2022 - 11:31 • Mis à jour le 26/11/2022 - 08:07

La nouvelle était redoutée depuis janvier 2021. Hier le parquet a requis le non lieu concernant les plaintes déposées dans le cadre de l'empoisonnement des Antilles par le chlordécone.

    Chlordécone : le parquet de Paris requiert le non-lieu

Le parquet de Paris a demandé un non-lieu dans l'enquête sur l'empoisonnement à vaste échelle lié à l'utilisation du chlordécone aux Antilles françaises, a-t-il indiqué vendredi à l'AFP, confirmant une source proche du dossier. 

Cette étape était attendue depuis que les juges d'instruction parisiens du pôle de santé publique avaient annoncé fin mars la clôture de leurs investigations sans avoir procédé à des mises en examen. Interdit en métropole en 1990, le chlordécone a continué à être utilisé aux Antilles jusqu'en 1993 où il est soupçonné d'avoir provoqué une vague de cancers.

Dans son réquisitoire définitif daté de jeudi, consulté par l'AFP, le parquet considère notamment que les faits semblent prescrits, s'agissant notamment de l'empoisonnement, ou non caractérisés, concernant l'administration de substances nuisibles.

Il appartient désormais aux juges d'instruction de rendre leur décision finale dans ce dossier très sensible en Guadeloupe et en Martinique où plus de 90% de la population adulte est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France.

La population antillaise présente par ailleurs un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde et ces cancers liés à l'exposition au chlordécone ont été reconnus comme maladie professionnelle en décembre.

L'enquête avait été ouverte en 2007 après le dépôt par plusieurs associations antillaises d'une plainte pour empoisonnement, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible.

En 2021, les juges d'instruction chargés du dossier avaient fait part à plusieurs parties civiles de leur analyse selon laquelle les faits seraient dans leur grande majorité prescrits.

L'annonce de la fin des investigations sans aucune mise en cause avait déjà soulevé un tollé fin mars. "La tournure que prend cette scandaleuse affaire est préoccupante car on s'achemine vers un déni de justice", avaient ainsi dénoncé les avocats de l'association Pour une écologie Urbaine.

La possible prescription de l'action publique a par ailleurs déjà suscité indignation et colère aux Antilles, notamment en Martinique où 5.000 à 15.000 personnes avaient par exemple défilé dans les rues de Fort-de-France fin février 2021. 

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