Réforme des retraites : Emmanuel Macron s’exprime ce mercredi

Par 22/03/2023 - 07:24 • Mis à jour le 22/03/2023 - 08:22

Le président de la République prend la parole pour la première fois depuis l’adoption de la réforme des retraites, lors d’une entretien accordé au journal télévisé de 13h de TF1 et France 2 (8h aux Antilles)

    Réforme des retraites : Emmanuel Macron s’exprime ce mercredi
Emmanuel Macron a choisi de s'exprimer au JT de 13h.

Emmanuel Macron s'adresse aux Français ce mercredi (22 mars) lors d'un entretien télévisé très attendu, pour tenter d'"apaiser" la colère contre sa réforme des retraites adoptée au forceps et d'expliquer comment il entend surmonter cette crise sans changer son gouvernement ni s'en remettre aux électeurs.

Le chef de l'État, en retrait depuis janvier sur ce dossier phare de son second quinquennat, répondra à 13h aux journalistes de TF1 et France 2, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation syndicale.

De nouvelles manifestations, parfois émaillées de tensions, se sont poursuivies hier soir.

Au terme d'une journée d'intenses consultations, Emmanuel Macron a appelé le gouvernement à "apaiser" et "écouter les colères", tout en assumant ses choix, selon des participants à une réunion avec les parlementaires de son camp.

"La foule, quelle qu'elle soit, n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus", a-t-il mis en garde.

"C’est un énième manque de respect mais c’est inscrit dans son ADN politique de nous mépriser", a dénoncé Willy Dhellemmes, délégué syndical SUD-PTT, à un barrage filtrant l’accès d'un dépôt de carburants au nord de Bordeaux.

"Il y a un mépris des organisations syndicales, des mobilisations qui sont construites (...) depuis maintenant plus de deux mois", a abondé Stéphane Riou, secrétaire général de la CGT de l’Arsenal de Brest. 

Dans le propre camp du président, on a peu goûté cette sortie. 

"Je n'aurais pas dit les choses comme ça", a relevé mercredi François Bayrou. "Les manifestations ont leur légitimité mais ce n'est pas une légitimité supérieure à la légitimité démocratique", a-t-il toutefois ajouté. 

"La foule doit être entendue et ce que j'attends du président de la République (...), c'est que précisément il porte un diagnostic sans concession sur la situation", a complété le député Renaissance Gilles Le Gendre. "Nous n'avons pas le droit au déni". 

Le député PS Boris Vallaud a décrit "un président forcené, en tête-à-tête avec lui-même" tandis que chez LR, Olivier Marleix, estimait qu'il était "urgent qu'il rectifie le tir, qu'il change de vocabulaire lors de son intervention".

 

A55 bloquée 

Sur le front social, la situation reste tendue. 

A Paris, un face à face avec échanges de jets de projectile et de gaz lacrymogène a opposé mardi soir quelques centaines de personnes aux forces de l'ordre place de la République. 

D'autres manifestations ont eu lieu à Lille ou à Grenoble, ainsi qu'à Rennes et à Nantes, où des tirs de gaz lacrymogène ont été recensés, ainsi que des dégradations en marge du cortège.

Au total, de source policière, 128 interpellations ont eu lieu en France, dont 81 à Paris. 61 policiers et gendarmes ont été blessés.

Plusieurs dépôts pétroliers restaient par ailleurs bloqués. Des incidents ont éclaté mardi à Fos-sur-Mer, près de Marseille, où les autorités ont procédé à des réquisitions de personnels en grève au moment où 12% des stations-service du pays sont à court d'essence ou de gazole.

Mercredi matin, l'A55 dans le sens Fos-sur-Mer-Marseille était fermée en raison de feux de palettes.

Face à ces tensions, le chef de l'État a résumé mardi son état d'esprit, à l'heure de relancer son second quinquennat, déjà entravé au bout de onze mois à peine: "pas de dissolution, pas de remaniement, pas de référendum". 

 

« Changement de méthode »

Malgré l'adoption définitive lundi par le Parlement de sa réforme phare, l'ensemble des syndicats et la quasi-totalité des oppositions continuent de réclamer le retrait du texte, qui recule l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans.

Le recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer le texte sans vote a ravivé la contestation, d'autant qu'il a été suivi d'une motion de censure contre le gouvernement rejetée à seulement neuf voix.

Emmanuel Macron "a mis le feu et fermé toutes les issues" en "passant en force", a dénoncé Jean-Luc Mélenchon (LFI), tandis que la patronne des députés du Rassemblement national Marine Le Pen a prévenu dans un entretien à l'AFP que le président avait seul "les clés d'une crise politique qu'il a créée".

Dans l'immédiat, le chef de l'Etat a demandé à ses troupes de faire "d'ici deux à trois semaines" des "propositions" en vue d'un "changement de méthode et d'agenda des réformes", ce qui pourrait lui permettre de temporiser sans faire d'annonces fortes ce mercredi, à l'exception sans doute du report de l'examen du projet de loi immigration. 

Il avait déjà annoncé une "méthode nouvelle" au début de son nouveau mandat, sans résultat probant à date.

Mardi soir, il a aussi promis d'"avancer" sur "la santé, l'école et l'écologie" tout en organisant "la société du plein emploi". 

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