La brume de sable pourrait être à l'origine de la multiplication des naissances prématurées aux Antilles

Par 21/03/2019 - 07:29 • Mis à jour le 18/06/2019 - 11:55

Le taux de naissances prématurées est plus élevé aux Antilles que dans l'Hexagone. Les brumes de sable venues du Sahara pourraient être un facteur aggravant de ce phénomène.

    La brume de sable pourrait être à l'origine de la multiplication des naissances prématurées aux Antilles

En étudiant la cohorte mère-enfant Ti moun en Guadeloupe, des chercheurs ont pu analyser l'exposition des femmes enceintes entre 2005 et 2008 aux particules fines PM10 contenues dans les brumes de sable. Sur 909 grossesses, 142 ont conduit à une naissance prématurée (avant la 37e semaine), soit 15,6 %. Une incidence très largement supérieure à la moyenne française (6 %) sur la même période.Le risque d'accouchement prématuré est donc multiplié par 3.

L'étude menée par une équipe de l'Irset en association avec le service de gynécologie-obstétrique du CHU de la Guadeloupe et l’organisme de surveillance de la qualité de l’air de Pointe-à-Pitre (Gwad’Air) a été publiée mardi dans la revue scientifique Occupational and Environmental Medicine et relayée par le journal Le Monde.

Les résultats des recherches montrent que l'exposition aux brumes de sables qui polluent régulièrement l'atmosphère de notre région se sur-ajoute aux autres facteurs de naissances prématurées (l’âge de la mère, l’hypertension artérielle, le diabète ou l’obésité). L'imprégnation au chlordécone a par contre été écartée durant l'étude.

Une exposition plus élevée que la moyenne

Les chercheurs ont observé que "les mères guadeloupéennes étaient exposées à une concentration moyenne de 27 µg/m3 de PM10. Les enfants nés prématurément sont plus nombreux à avoir été exposés à de fortes concentrations. Ces dernières atteignent en moyenne près de 35 µg/m3, contre 31 µg/m3 pour les enfants nés à terme. Un tiers des enfants nés prématurément ont été exposés in utero à des concentrations supérieures à 30 µg/m3, contre seulement 10 % pour les enfants nés à terme. Pour rappel, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser la limite de 20 µg/m3 en moyenne annuelle pour les PM10."

L'accentuation du phénomène de brume de sable aux Antilles n'a pas hormis cette étude été investiguée en profondeur. Les recherches se sont pour l'instant concentrées sur les risques sanitaires généraux (cardiaques, respiratoires) sur le pourtour méditerranéen. 

Le projet BrumiSaTerre a été lancé sur la période 2016-2020 avec l’objectif d’étudier les effets des particules aériennes d’origine saharienne sur la croissance fœtale en Guadeloupe.

Des alertes spécifiques

En attendant plus de résultats, les scientifiques sont formels : compte tenu des éléments transportés par les brumes de sable (métaux lourds, pesticides, virus, etc), les femmes enceintes doivent l'objet d'un système de prévention plus poussée que les simples alertes à la pollution atmosphérique.