L'exécutif prépare des "décisions difficiles" pour lutter contre le Covid-19

Par 27/10/2020 - 09:41 • Mis à jour le 27/10/2020 - 11:27

Un premier conseil de défense s'est réuni ce mardi matin (27 octobre 2020) autour du président de la République. Le gouvernement envisage de durcir les mesures pour freiner l'épidémie de covid-19.

    L'exécutif prépare des "décisions difficiles" pour lutter contre le Covid-19

Emmanuel Macron a fait le point mardi matin lors d'un conseil de défense sur l'épidémie de Covid-19 pour préparer un nouveau tour de vis des mesures de lutte, qui pourrait aller jusqu'à un reconfinement.

Ce conseil de défense autour du président, en présence du Premier ministre Jean Castex et d'une dizaine de ministres, était la première d'une série de réunions prévues dans les 48 heures.

En fin d'après-midi, Jean Castex recevra les responsables politiques puis les partenaires sociaux à Matignon pour les "consulter" sur "les durcissements envisagés". Puis un nouveau conseil de défense se tiendra mercredi matin pour prendre les décisions qui seront annoncées aux Français d'ici la fin de la semaine. 

"Il faut s'attendre à des décisions difficiles", a prévenu mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en écho aux propos alarmants tenus par plusieurs médecins ces derniers jours.

"A un moment il faut prendre des décisions dures (...) comme tous nos voisins" européens, a-t-il ajouté sur France Inter, faisant référence aux nouvelles restrictions prévues en Italie, en Espagne ou en République tchèque.

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait préparé le terrain lundi en qualifiant la situation en France de "critique", disant craindre que la deuxième vague soit "plus forte que la première".

La pression monte en réa

Le nombre de cas positifs confirmés a crû de 26.771 en 24 heures, selon les chiffres de Santé publique France de lundi. La veille, la France avait battu un nouveau record avec plus de 50.000 cas positifs confirmés en un jour. Le professeur Delfraissy a même estimé que le nombre réel de contaminations tournerait "autour de 100.000 cas par jour".

Le nombre de patients en réanimation continue à grimper, augmentant la pression sur les hôpitaux. Leur nombre s'élevait lundi à 2.761, pour un total de 5.800 lits de réa dans toute la France.

Mardi matin, l'ARS des Pays de la Loire a annoncé attendre huit patients transférés par avion en provenance d'Auvergne Rhône-Alpes et l'ARS Bretagne a accueilli de son côté quatre patients d'Occitanie.

Taboue il y a encore quelques semaines, l'hypothèse du reconfinement est désormais considérée comme une nécessité par un nombre grandissant de scientifiques et de politiques, qui espèrent éviter qu'il soit national et total.

Il va "falloir faire avec des semaines qui seront plus que difficiles", a prédit l'infectiologue Gilles Pialoux, en se prononçant pour l'adoption d'une "mesure drastique, qu'on appellera confinement".

Pour lui, "la difficulté actuelle" réside dans la "dimension nationale de l'épidémie (...) alors qu'on était plutôt dans une épidémie concentrée (sur quelques régions, ndlr) en France à la première vague". De ce fait, "parler de confinement régional avec les données qui circulent actuellement ça n'a pas de sens", a ajouté sur BFMTV le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris.

Le professeur Delfraissy avait avancé lundi deux "hypothèses", dont la première est "d'aller vers un couvre-feu "plus massif, à la fois dans ses horaires, dans son étendue au niveau du territoire national et qui puisse également être mis en place le week-end". La seconde est "d'aller directement vers un confinement", mais "moins dur" et moins long que celui de mars à mai, selon lui. 

Dans ce dernier cas, se pose notamment la question de la réouverture des collèges, lycées et universités le 2 novembre après les vacances de la Toussaint.

Quelque 46 millions d'habitants sont désormais soumis à un couvre-feu nocturne entre 21 heures et 6 heures du matin.

Les politiques semblent résignés au durcissement des mesures.

Risque d'effondrement de l'économie

"Je préfère des confinements locaux à la Toussaint qu'un confinement généralisé à Noël", a ainsi estimé le chef de file des députés LR, Damien Abad, sur France Info.

"Un nouveau confinement ne doit être que l'ultime recours, parce qu'il aura des conséquences cataclysmiques sur la vie économique", a pour sa part prévenu sur Cnews le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella.

Eric Piolle, le maire EELV de Grenoble, a réclamé pour sa part au gouvernement qu'il "partage ses scénarios, notamment de reconfinement partiel".

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait alerté lundi sur le fait que "si on reconfine totalement comme on l'a fait en mars, ce n'est pas moins 10% de récession qu'on risque, c'est un écroulement de l'économie".

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a également mis en garde mardi contre le risque d'un "effondrement de l'économie française" en cas de "reconfinement total ou partiel". "Les entreprises sont aujourd'hui beaucoup plus fragiles qu'au mois de mars et beaucoup d'entre elles, notamment les plus petites, seraient dans l'incapacité d'assumer un endettement supplémentaire", selon elle.

Dans la nuit de lundi à mardi, les députés ont voté en première lecture la première phase du plan de relance, 22 milliards en 2021 sur les 100 milliards prévus d'ici à 2022, un plan censé permettre à la France de rebondir face à la récession économique.

En mars, le confinement avait été décidé pour éviter que le système hospitalier ne craque sous un afflux trop important de malades du Covid. L'épidémie a fait 35.018 morts dans le pays depuis ses débuts, selon les chiffres de Santé publique France.

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