Lutte contre les sargasses : vers un plan d’action international

Par 05/06/2025 - 13:23 • Mis à jour le 05/06/2025 - 13:33

Le dossier des sargasses était au centre des échanges, mardi (3 juin), à Paris, lors de la conférence de l’Agence françaises de développement (AFD). Un plan d'action international doit être présenté, à la conférence UNOC des Nations Unies sur l'Océan qui se tiendra, à Nice, du 9 au 13 juin.

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photo d'archives

À quelques jours de l'ouverture de la Conférence UNOC des Nations Unies sur l'Océan, à Nice, l'Agence française de développement organisait, ce mardi (3 juin), un événement autour de la place des Outre-Mer dans leur bassins océaniques régionaux.

Concernant la zone Atlantique, c'est le dossier des sargasses qui était au cœur des échanges. Un sujet qui sera également central pour nos territoires lors du sommet de Nice.

Près de six ans après la première conférence internationale sur les sargasses qui s'était tenue en Guadeloupe, on peine à voir la concrétisation de la grande concertation caribéenne qui avait été envisagée à l'époque. Et sur le terrain, il y a surtout de la frustration.

« Pour une gestion plus globale »

Frédéric Voyer, le directeur du GIP Sargasse de Martinique, reconnaît que l'on peut mieux faire.

Je peux comprendre le ras-le-bol des riverains. Cela fait une quinzaine d'années qu'ils subissent les impacts des échanges de sargasses. Il y a des choses qui se font et qui sont à améliorer, notamment pour ne plus être dans une dynamique de réaction, plus dans une dynamique de pérennité pour gérer quotidiennement ces arrivages de sargasses. Il reste un bout de chemin à faire, notamment financier, mais ce qui se fait aujourd'hui à son sens. Il faut réussir à l'augmenter afin que la gestion soit globale sur le territoire martiniquais et peut-être demain sur le territoire caribéen.

S’unir pour gagner en efficacité

Car l'enjeu est là, s'unir pour gagner en efficacité. Et c'est tout l'esprit d'un plan d'action international qui sera présenté la semaine prochaine lors du sommet de l'UNOAC, à Nice. Les premiers pas d'une instance inter-gouvernementale de recherche et de lutte contre ces algues brunes, où figurera la France via nos territoires pour mutualiser enfin les idées et des financements.

La présidente de l'Office français de la biodiversité et élue au conseil régional de la Guadeloupe, Sylvie Gustave-dit-Duflo, se veut optimiste sur les perspectives de ce rassemblement à tous les échelons.

Je pense qu'il faut mettre plusieurs fers au feu. La partie collecte et valorisation, c'est bien parce que quand les algues sont là, il faut en faire quelque chose. L'autre aspect, c'est quels sont les moyens que nous avons d'agir en amont pour stopper cette invasion des algues sargasses. Il faut sortir d'une gestion à l'échelon d'un Etat, d'une géographie, parce qu'on est sur quelque chose de global. Il y a déjà beaucoup d'argent. Il faut que cet argent soit fédéré de manière globale pour des projets globaux, pour qu'on arrive à arrêter ce phénomène.

Trouver la source des sargasses

Le sommet de Nice doit donc poser les bases de cette collaboration intergouvernementale. La France, le Mexique, la République dominicaine, le Costa Rica ou les Antilles néerlandaises vont, notamment, porter cette démarche qui ambitionne à terme de trouver la source des sargasses pour enfin contrôler ce fléau caribéen.

Pour Sylvie Gustave-dit-Duflo, l'ambition doit se porter à tous les niveaux mais surtout sur la recherche scientifique.

Évidemment, aller vers la collecte et la valorisation, c'est une manière d'empêcher les algues d'échouer, mais vous ne pouvez installer des barrages que sur certaines baies. Il y aura toujours des baies, des côtes où les sargasses vont rentrer. Et là, c'est notre biodiversité marine qui va être durablement endommagée. Donc en fait, il faut aller vers la collecte et la valorisation, mais il nous faut une instance inter-gouvernementale et derrière déployer des moyens financiers importants sur des expéditions océanographiques majeures pour comprendre ce phénomène de microcourants qui font remonter des nutriments à la surface. Ces nutriments qui sont apportés par les fleuves. Concernant certaines activités humaines, j’aimerais bien qu'il y ait un bouton stop sur lequel on puisse appuyer pouvoir arrêter ce phénomène.

La question du financement évoquée

Lors de cette conférence de l'AFD, la question du financement a également été évoquée par la présentation d'une étude menée aux Antilles sur des riverains, touristes et entreprises. Seraient-ils prêts à payer pour améliorer le traitement des algues ? Le professeur des universités en économie à l'UA, Sébastien Mathouraparsad, a détaillé les résultats.

L'ensemble de ces échantillons sur les deux territoires sont favorables à ce qu'il y ait quelque chose qui soit mis en œuvre pour nettoyer les plages. Ces populations sont aussi favorables à mettre la main à la poche dans l'hypothèse où ils se sentent concernés par les sargasses. Par exemple, les entreprises du littoral qui perdent des clients. Vous avez aussi les locaux qui vont à la plage soit pour nager, soit pour faire leur sport et qui sont gênés par ces sargasses et donc n'y vont pas. Et puis les touristes qui viennent spécialement pour les plages. Ils se disent que s’il faut mettre un euro pour apporter une contribution et permettre de nettoyer et de ramasser les sargasses, ils seraient prêts à le faire. L'idéal, ça aurait été d'avoir une contribution qui soit effective et que cette contribution permette de financer des dispositifs de valorisation de ces algues sargasses. 


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