Non les antillais n'étaient pas tous Charlie

Par 19/03/2015 - 13:04 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:38

Les attentats qui ont touché la France début janvier 2015 ont un temps rassemblé blancs noirs jaunes autour du slogan "Je suis Charlie"; mais deux mois après on constate qu'à l'époque tout le monde n'était pas Charlie. Nous avons mené l'enquête dans les rues de la capitale auprès de la communauté antillaise.

    Non les antillais n'étaient pas tous Charlie

Il y a deux mois, les antillais étaient nombreux dans les rues de Paris pour dire non au terrorisme et être Charlie, juif, Clarissa... A l'époque les désaccords ont été plus discrets.

Non les antillais n'ont pas été et ne sont pas tous Charlie ! Au delà de ça, certains estiment que la liberté d'expression brandie au moment de ces événements ne vaut pas pour tout le monde, notamment pour eux.

Certains défendent même l'humoriste Dieudonné - spécialiste de la polémique - qui avait déclaré peu après les attentats sur sa page facebook "Je me sens Charlie Coulibaly". Un message qui lui a valu une condamnation de deux mois de prison avec sursis pour apologie d'actes de terrorisme.

Qu'est ce qui fait que ces martiniquais et guadeloupéens de l'hexagone se retrouvent à contre courant?

Franco Lollia fait partie de la brigade Anti-Négrophobie, il assume complètement ne pas être Charlie."On était pas Charlie avant, il n'y a pas de raison qu'on le soit après parce qu'on refuse d'être pris dans une sorte de chantage affectif. La forme et le fond de l'expression qu'avait emprunté Charlie dissimule un véhicule qui transporte clandestinement un racisme d'Etat que nous combattons. Voilà pourquoi nous ne sommes pas Charlie, entre autres." a t-il expliqué.

Mais quelle serait la solution?

"Les antillais ne votent pas, les antillais sont peu dans des conseils de quartiers, on ne les voit pas assez actifs dans les organisations de masse, ils ne sont pas là !" déplore Serge Romana, président de l'association CM98. Au delà du fait de se plaindre, il faudrait selon lui que les antillais se mobilisent de manière concrète sur le terrain.

Audrey Ollon et Aline Druelle