Massacre de la Saint-Valentin : "c'était la panique partout"

Par 15/02/2019 - 11:47 • Mis à jour le 18/06/2019 - 11:59

En 1952, la grève des ouvriers et des planteurs de la canne est réprimée dans le sang au Moule. Jeanne Ligarius avait 10 ans lorsque se produit le Massacre de la Saint-Valentin. Elle tient à garder vivant le souvenir de ces faits tragiques qui ont marqué l'histoire de la Guadeloupe.

    Massacre de la Saint-Valentin : "c'était la panique partout"

Le 14 février évoque pour la majeure partie des gens, la fête des amoureux mais en Guadeloupe cette date représente un anniversaire tragique : la commémoration du Massacre de la Saint-Valentin. Une date ancrée dans les mémoires de tous ceux qui ont vécu la répression dans le sang au Moule, d'un mouvement d'ouvriers et de agriculteurs de l'industrie sucrière survenue le 14 février 1952.

Le mouvement, impliquant planteurs et colons dans toute la Guadeloupe, avait été déclenché en novembre 1951 dans le nord de la Grande-Terre. Il était la conséquence de l'échec des négociations entre les patrons et les travailleurs du secteur sur la fixation du prix d'achat de la canne à sucre et les salaires agricoles et ouvriers avant l'ouverture de la récolte annuelle.

En janvier 1952, les fonctionnaires qui réclament eux aussi de meilleurs salaires, décident de s’associer aux ouvriers et aux agriculteurs. La grève se distille alors dans toutes les plantations. Le 11 février, les CRS prennent position au Moule. L'intervention est préparée entre forces de l'ordre et propriétaires d'usine.

Quelques jours plus tard, le 14, les grévistes érigent un barrage rue Sainte-Anne à l'entrée du boulevard Rougé. Les grévistes veulent bloquer l’accès aux charrettes chargées de canne à sucre qui se rendent à l'usine Gardel.

Les policiers tirent alors sur la foule désarmée, tuant quatre Guadeloupéens et blessant 14 autres. Parmi les victimes, plusieurs n’étaient que de simples passants ou curieux, n’ayant aucun lien avec la mobilisation. Ainsi, on trouve une femme enceinte qui se rendait simplement à la pharmacie non loin.

Jeanne Ligarius avait 10 ans à l’époque de cette tragédie Elle a assisté à la scène et en garde un souvenir prégnant. Chaque année elle se rend aux cérémonies de commémoration. Pour elle, c’est un devoir de témoigner de cette histoire afin que les nouvelles générations connaissent ce pan du passé de la Guadeloupe.

 

Interview de Jeanne Ligarius par Philippe Garain :

 

Chaque année, les organisations syndicales organisent le 14 février des manifestations en mémoire des victimes. Une stèle est érigée devant le cimetière du Moule.

Le LKP a tenu un meeting ce jeudi soir autour de la stèle en hommage aux victimes de cette répression.