Fruit à pain du Pérou : après la polémique, y a-t-il un marché local ?

Par 06/11/2019 - 18:28 • Mis à jour le 06/11/2019 - 18:29

Il a suffi d’une photo non sourcée pour mettre le feu aux poudres des réseaux sociaux et lancer un débat sur la production locale des produits traditionnels : fruit à pain en tête. Mais qu’en est-il vraiment ?

    Fruit à pain du Pérou : après la polémique, y a-t-il un marché local ?

Tout est parti d’une photo de fruit à pain surgelé, origine Pérou, affiché à 3,09 euros et dont on ne sait avec certitude si elle a été effectivement prise en Guadeloupe. Force est de constater que cette photo révèle une situation bien réelle comme ici dans les rayons frais de cette grande surface du Gosier où cassaves, bananes préparées, ignames, fruits à pain, le tout surgelé, se vendent comme des petits pains. Ces produits conditionnés  viennent d’Asie ou du Pérou. Il y a même du piment antillais conditionné en France hexagonale mais récolté en Jamaïque.

Reportage avec Loïc Séga, chef du rayon frais dans une grande surface gosiérienne   

Au rayon marché de ce magasin,  des produits locaux non congelés sont disponibles à la vente, mais le principal obstacle est l’approvisionnement local qui n’est pas continu. Pour les madères par exemple, la grande surface doit se fournir à la Dominique pour être assurée d'ena voir régulièrement, selon ce qu'explique le responsable du rayon frais. 

On y trouve un peu de fruits à pain locaux non congelés à l’occasion en très petites quantités pour le moment. Des fruits à pain qui viennent de l'exploitation de Lucien Dacalor à Cambrefort à Capesterre-Belle-Eau.

Un producteur de fruits à pain à Capesterre-Belle-Eau

Du fruit à pain il y en a en Guadeloupe mais à l’état sauvage mais si la stratégie est d’en retrouver en magasin, il faut organiser une filière, avoir des champs normés non pas des arbres à pain qui culminent à 20m et qui ne donnent qu’en saison de fruit à pain. Lucien Dacalor, un agriculteur, s’est lancé dans cette aventure de manière exclusive il y a 12 ans. Quand il livre les Super U, Carrefour, ou le marché à Man Réau de Pointe-à-Pitre, sa production part très vite. Il faut dire que selon lui il est officiellement le seul à produire des fruits à pain en Guadeloupe. Et ne peut clairement pas répondre à la demande qui serait de plus en forte sur ce type de produits. Rencontre avec Lucien Dacalor, producteur

A noter tout de même le prix très bas de ces fruits à pain : 1,80 euros à la vente pour un fruit à pain qui pèse selon le calibrage entre un kilo et 5 kilos.

Ce mercredi matin, la Sica LPG (spécialisée dans la banane) était de passage dans le champ de M. Dacalor pour récupérer des plants d’arbres à pain et de châtaigner afin d’en planter dans une parcelle de bananes. 

Si la Sica bananes tente de se diversifier en utilisant le fruit à pain, n’est-ce pas un signe d’un changement pour cette culture du fruit à pain vouée à se professionnaliser ? Durant l’émission "Au coeur de la vie, au coeur de l'actu" de ce mercredi 06 novembre, nombre de témoignages ont fait état d’initiatives passées dans le conditionnement sous-vide de légumes-racines et de fruits à pain mais qui n’ont pas été couronnées de succès. Le goût des Guadeloupéens a toutefois depuis vraisemblablement changé. Faut-il retenter l’expérience ? De la régularité, de la constance de l’approvisionnement, des produits normés, pourraient alors répondre aux attentes des distributeurs locaux. 

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