Vers une pénurie de bouteilles d’eau en Guadeloupe ?

Par 10/10/2023 - 13:06 • Mis à jour le 10/10/2023 - 13:08

Sécheresse des robinets et mauvaise qualité de l’eau contraignent les habitants de consommer l’eau en bouteille. A chaque alerte du Syndicat Mixte de Gestion de l'Eau et de l'Assainissement, les ventes et les prix s’envolent. Les usines locales mettent les bouchées doubles pour subvenir à la demande.

    Vers une pénurie de bouteilles d’eau en Guadeloupe ?
Photo d'illustration ShutterStock

Devant un supermarché des Abymes, Marie-Jo remplit le coffre de sa voiture avec de l'eau en bouteille. Elle a décidé avec son entourage d'arrêter de consommer l'eau du robinet. 

Avant, quand on était petit, mais plus maintenant. Avec ce qui court, mieux vaut ne pas. On n'a pas confiance.

Augmentation de la demande, production à mal

Face aux coupures et à la mauvaise qualité de l'eau, ils sont nombreux, comme Marie-Jo, à se tourner vers les trois producteurs locaux, Karuline, Matouba, et Capesse, qui estiment une augmentation de la demande de 30% en moyenne par rapport à 2022. Capesse, qui a renforcé ses cadences de production pour mettre à la vente chaque semaine plus d'un million de bouteilles. Elle n'est pas la seule. L'entreprise Karuline, qui produit plus de 900 000 bouteilles chaque semaine, a été contrainte de faire des aménagements. Rodolphe Payen, directeur de West Indies Pack.

Il a fallu que je m'adapte au niveau de l'usine pour pouvoir fournir plus. Mon outil de production est en limite de capacité. On travaille déjà en 3/8 jusqu'au samedi 23h00. Donc après, au niveau de mes équipes de production, je ne peux pas tellement aller plus loin.

Chaque euro compte

Des bouteilles dont les prix fluctuent dans la grande distribution. Son pack d'eau sous le bras, Jacques est mécontent de la facture.

Il y a augmentation dans tout, donc l'eau est forcément dedans. Je le vis très mal comme tout le monde.


Le pack de six bouteilles d'1,5 litre de Karuline est vendu dans une fourchette comprise entre 2,60 € et 3,30 €. Le pack de Capesse peut dépasser 3,60 €. Saint-Jude appartenant à Matouba peut être vendu au-dessus de 4 €. Des prix équivalents aux marques importées nécessaires à pour pallier les ruptures fréquentes d'approvisionnement des bouteilles locales. Les producteurs de l'archipel qui ont vu leurs chiffres d'affaires progresser préfèrent rester discrets sur les montants.

Karuline étant la seule société à indiquer une hausse de 10 % cette année. Des entreprises qui peuvent bénéficier de marges importantes, même si elles rappellent que l'augmentation du coût des matières premières et de l'électricité sont des charges chaque année plus importantes. Les producteurs locaux qui débutent ce mois-ci des négociations avec la grande distribution pour les tarifs de l'année 2024.

Améliorer les outils de production

Rodolphe Payen, directeur de West Indies Pack qui produit l’eau Karuline souligne le sous-dimensionnement des usines locales qui ne peuvent pas répondre à toutes les demandes.

"Il y a peut-être trois semaines ou un mois, chez Capesse, ils étaient en panne. Et donc, évidemment, tous les clients se retournent vers Karuline. Avec ce genre d’aléas surtout dans la période où c'est un peu compliqué, dès qu'il y a une petite panne, c'est tout de suite un peu la cohue parce qu'il n'y a plus d'eau sur le marché. Il faut le redimensionner le besoin en outil de production. Nous avons un projet sur lequel on travaille depuis quand même pas mal d'années. Il s’agit d’améliorer ma ligne de production et en faire une deuxième sur le même site. Ce serait vraiment cela la réponse à ce besoin qui est croissant et qui est lié au fait qu'il y a des problèmes sur le réseau d'approvisionnement, évidemment."

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