Nilla, la rescapée de Capesterre-Belle-Eau, témoigne

Par 05/02/2021 - 22:05 • Mis à jour le 07/02/2021 - 00:01

Nilla, finlandaise de 45 ans, est pour l’heure la seule rescapée après la terrible montée des eaux de rivière mercredi après-midi en Basse-Terre. Une petite fille a été retrouvée sans vie et un homme de 70 ans était toujours porté disparu vendredi soir. Consciente d’avoir été miraculée, Nilla témoigne et remercie les secours.

    Nilla, la rescapée de Capesterre-Belle-Eau, témoigne

Nilla, enseignante finlandaise résidant en Suède et en vacances en Guadeloupe avec son mari et un ami, a pu retourner sur leur bateau, après un court séjour à l’hôpital. La femme de 45 ans, emportée par la rivière en crue, mercredi, à Capesterre-Belle-Eau, s’en est miraculeusement sortie avec des plaies sans gravité.

"Tombée" du haut de deux cascades

Nilla a été emportée alors qu’elle traversait un gué, entre la 1ere et la 2e chute du Carbet à Capesterre-Belle -Eau : « les premiers pas se sont bien passés et il manquait juste un mètre pour arriver de l’autre côté. Mais il y avait de plus en plus d’eau et elle m’a soulevée ; j’ai été emportée je n’ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit et je suis partie avec le courant, je suis tombée du haut d’une cascade assez impressionnante, j’étais projetée d’un côté et de l’autre puis est arrivée une autre chute d’eau. On m’a dit après que la deuxième chute faisait 15 ou 20 mètres » raconte la rescapée.

« Après la deuxième grosse chute j’étais sous l’eau, j'avais retenu ma respiration, mais j’avais besoin de remonter pour reprendre de l'air. Je me disais « non non non je ne veux pas mourir, je veux vivre, je dois vivre, mon fils a 22 ans, il a perdu son papa alors je priais pour ça… « s’il vous plait laissez-moi vivre » ».

Consciente « tout le temps », Nilla doit son salut à une branche : « il y avait un long morceau de bois, comme une branche d’arbre au-dessus de l’eau. Elle m’a stoppée, mes jambes étaient en dessous mais le reste de mon corps était au-dessus, accroché à cette branche. L’eau continuait d’arriver derrière moi mais un peu moins alors j’ai pu m’extraire jusqu’à des rochers et là j’ai pu sortir de l’eau ».

"Tellement heureuse de voir arriver les secours!"

Une fois sur le rocher, Nilla a cependant de nouveau connu la peur car « l’eau a recommencé à monter alors je suis montée sur une pierre plus haute et j’y suis restée toute la nuit ».

Nilla a été retrouvée jeudi matin sur ce rocher, blessée, mais en vie. Gendarmes et pompiers étaient partis dès le lever du jour à sa recherche, aidés d’une équipe de l’ONF et d’un groupe de randonneurs professionnels bénévoles (Accompagnateurs en Moyenne Montagne).

« J’étais tellement heureuse de voir arriver les secours ! » se souvient la quadragénaire.

« Au matin vers 8 ou 9 heures j’ai crié une fois de plus et finalement quelqu’un a répondu : une autre voix, et c’était si bon d’entendre ces autres voix ! Ils sont arrivés, vêtus de orange, ils ont grimpé sur les rochers et j’étais tellement heureuse de les voir tellement heureuse! J’avais peur de devoir rester là une nuit de plus, j’avais peur de ne pas pouvoir, toute la nuit…avec le froid, c’était tellement humide avec la pluie toute la nuit! »

A peine remise, Nilla tient à exprimer sa reconnaissance à ceux qui l’ont retrouvée : « je tiens à les remercier, je leur dois la vie, je n’aurais pas survécu sans eux, ils sont si doux, si professionnels, si prévenants et forts ! Ils m’ont portée sur leurs épaules parce que je ne pouvais pas marcher », se souvient-elle.

Héliportée vers l’hôpital, Nilla a ensuite retrouvé son mari qui avait suivi les recherches au plus près. Le couple et leur ami, censés naviguer dans les eaux de la Caraïbe, comptent bien rester encore un peu dans l’archipel, le temps de se remettre après cette épreuve.

Nilla témoigne :

(Source photo / Préfecture)

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