"C'est très long à vivre", le procès des agresseurs de Hans aura lieu en septembre

C'est justement la question raciale qui a provoqué ce nouveau renvoi, car Maître Madou Koné, avocat au barreau de Paris, qui défend Hans, a tout fait pour l'intégrer dans le dossier initial par une citation directe déposée en fin d'année 2023. S'appuyant sur des propos “C'est les Noirs”, prononcés par l'un des prévenus le soir de l'agression, il a ouvert une autre procédure, qui a été jointe à la première, et l'ensemble du dossier sera donc présenté à nouveau le 4 septembre 2024.

Mais ce sera “la dernière fois” a insisté la présidente du tribunal correctionnel de Carcassonne, qui s'est montrée agacée à l'audience, indiquant déjà qu'elle refusera toute nouvelle demande de renvoi. Cette dernière a déploré d'avoir été informée de cette démarche par la presse, ce mardi, mais aussi de l'absence de nombreux avocats de la défense et de la partie civile. La procureure aussi a dénoncé une affaire qui “tout en intéressant beaucoup, fait que les rangs se vident vite”, avant de soutenir ce renvoi face à l'impossibilité de juger.

Une "bagarre" pour la défense

De leur côté, les avocats de deux des trois prévenus, dont l'un présent ce jour, ont critiqué un dossier qui, selon eux, “manque d'équité”, avec des articles de presse “qui ne font qu'égratigner nos clients”, a estimé l'un d'eux, qui n'évoque “une simple bagarre”.

Une interprétation que conteste la partie civile, même si cela ne surprend pas Maître Madou Koné, l'avocat de Hans qui se dit déterminé à démontrer la gratuité de l'agression subie par son client et l'un de ses amis, tous les deux noirs de peau, les deux seuls à avoir été pris pour cible.

À la lecture du dossier, cela ne fait aucun doute, donc nous accueillons ce renvoi avec joie. Nous nous attendons à des positions hostiles vis-à-vis de la qualification que nous souhaitons retenir. La position de la défense ne nous surprend pas, à savoir qu'il s'agit d'une simple bagarre, alors qu'il n'en est absolument rien. On entend à plusieurs reprises quelqu'un dire ''c'est les Noirs'', le caractère raciste est évident pour nous. C'est le jeu de la défense de minimiser, mais nous démontrerons que le caractère racial est bien dans le dossier. Cette question sera débattue lors de l'audience. 

Par ailleurs, la possibilité qu'un quatrième prévenu soit convoqué le 4 septembre a aussi été évoquée ce mercredi, ainsi que la citation d'autres témoins. Pour rappel, lors de la soirée de juillet 2022, un groupe d'une quinzaine de personnes avait été décrit comme ayant participé à l'agression. Cette extension de l'enquête pourrait donc être nécessaire pour Maître Koné.

Je ne vais pas trop m'étendre, mais beaucoup d'éléments n’apparaissent pas dans la procédure actuelle et il est possible que nous citions des témoins et qu'il y ait d'autres mis en cause. 

Le racisme sera donc vraisemblablement le point polémique au coeur d'une journée du 4 septembre qui s'annonce chargée dans ce dossier devenu symbolique. 

Hans a hâte de finir ce procès

Le dossier sera donc finalement examiné plus de deux ans après les faits, un temps judiciaire long qui pèse sur Hans, qui, s'il souhaite voir la question raciale être évoquée, a surtout hâte de refermer cette histoire. Il s'est confié au micro de RCI ce mercredi.

Pour moi ça reste l'élément principal. J'ai envie que ce soit reconnu, mais en même temps, j'ai envie que ce soit fini assez vite et reprendre ma vie normale. C'est très long à vivre. Il y a le stress qui remonte avant des rendez-vous comme ça, on ne dort pas la nuit, on revoit toutes ces images de la soirée, c'est angoissant. J'essaye d'avancer, j'ai retrouvé un travail qui me convient, j'ai une copine, j'essaye de reprendre ma vie.