Risque volcanique, la Soufrière scrutée par les scientifiques en Guadeloupe
Un séminaire sur le risque volcanique s’est tenu hier (mardi 17 juin), à Basse-Terre. Il y a 50 ans, en Guadeloupe, les premiers soubresauts de la Soufrière débutaient avant l’éruption de juillet 1976. Aujourd’hui, la « vieille dame » est sous haute surveillance.

Le risque volcanique, avec l'exemple de la Soufrière, a été passé au peigne fin, toute la journée d'hier (mardi 17 juin), lors d'un séminaire organisé par la préfecture à l'auditorium Jérôme Cléry, à Basse-Terre.
L'occasion pour des scientifiques, des techniciens, des experts, mais aussi les forces de l'ordre, les administrations, des associations de secouristes agréées sécurité civile et des professionnels d'échanger sur leurs expériences respectives.
Eruption : les premiers signes en juillet 1975
Le mois prochain, cela fera 50 ans que débutaient les premiers soubresauts de la Soufrière. C’était en juillet 1975.
Un an après, c'était l'éruption. L'Observatoire volcanologique de la Guadeloupe prépare cet anniversaire, comme l’explique son directeur, Ivan Vlastelic.
Ça se prépare effectivement parce que l’éruption, qui a débuté le 8 juillet 1976, a en fait commencé avec des signes précurseurs en juillet 1975. La communauté avait à l'époque un doute sur le début d'un nouvel événement, mais les choses ont été confirmées en décembre 1975. Donc, la période de juillet à décembre 1975 a été une période de découverte ou en tout cas de confirmation d'une activité anormale qui s'est traduite quelques mois plus tard par le début de l'éruption, en juillet 76. 50 ans après, on ne doit pas oublier. En plus, on bénéficie d'un grand nombre de témoignages de gens qui étaient présents et qui pour bon nombre d'entre eux étaient adultes. Donc on a des témoignages très précis, avec des circonstances très variées, des histoires très personnelles, mais en même temps, c'est toutes ces histoires personnelles qui font cet événement.
« De nouvelles informations »
L'Institut Physique du Globe de Paris avait dépêché sur place, un de ses scientifiques. Jean-Christophe Komorowski connaît bien la Guadeloupe et le volcan de la Soufrière.
Aujourd'hui, il est responsable scientifique des observatoires volcanologiques et sismologiques de l'IPG. Il en a dit plus sur le suivi de notre « vieille dame ».
On a fait beaucoup de progrès sur l'imagerie multi-techniques sur la Soufrière de Guadeloupe. On a récemment publié une étude qui a été faite à l'IPG avec l'Institut Langevin, qui permet d'avoir une image avec une précision de 150 mètres par 150 mètres jusqu'à 15 kilomètres de profondeur sur 16 kilomètres de largeur. On pense voir la structure interne de la Soufrière, les entrailles du volcan avec les lentilles de zones qui pourraient contenir du magma les unes sur les autres. Et puis après, un conduit assez tortueux qui remonte les derniers deux kilomètres vers la surface. Ça nous permet d'avoir accès à de nouvelles informations et de les mettre en relation avec d'autres qu'on avait avant. C'est un peu comme les progrès qu'il y a eu en médecine avec l'échographie. On arrive à voir les organes qui bougent, le flux de sang à l'intérieur. On comprend mieux le fonctionnement du corps humain grâce à l'imagerie. On est à l'aube de cette révolution pour les volcans. Et donc maintenant, il faut intégrer ces informations nouvelles dans nos modèles pour faire des modèles plus précis qui reproduisent le fonctionnement du volcan plus précis. Et puis, bien sûr, il y a l'augmentation des puissances de calcul et l'intelligence artificielle qui permet d'aller explorer, rechercher des corrélations dans des jeux de données énormes, ce qu'on ne pouvait pas faire avant.
A ECOUTER Les entretiens complets avec les deux scientifiques, Ivan Vlastelic, directeur de l'Observatoire volcanologique de Guadeloupe, et Jean-Christophe Komorowski, de l'Institut Physique du Globe de Paris.
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