La Guadeloupe serait-elle en passe de devenir une championne du covoiturage ?

Par 30/01/2024 - 18:10 • Mis à jour le 31/01/2024 - 07:29

Selon l’observatoire national du covoiturage au quotidien, l’archipel de Guadeloupe est le territoire où cette pratique a connu la plus forte hausse ces derniers mois. Avec notamment un attrait pour les trajets courts et l’utilisation d’applications dédiées.

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Image d'illustration

La Guadeloupe est désormais la région qui enregistre la plus forte progression de trajets covoiturés en France depuis la mise en place d'un recensement des données concernant le covoiturage en février 2022.

Le court voiturage attire

Les chiffres n'ont cessé de progresser dans notre département. En fin d'année 2023, l'Observatoire national parlait d'ailleurs d'une accélération spectaculaire avec une hausse de plus de 53 % entre octobre et novembre. Et c'est le court voiturage sur les trajets de covoiturage sur de courtes distances qui remportent les faveurs des Guadeloupéens. Cette pratique a ainsi été multipliée par dix entre le mois de décembre et celui de janvier. En effet, plus de 32 % des trajets covoiturés en Guadeloupe sont faits sur des distances de moins de dix kilomètres et sur près d'un millier de covoiturages réalisés au mois de décembre dernier c'est le trajet entre le Gosier et Pointe-à-Pitre qui a été le plus plébiscité.

Les Guadeloupéens sont aussi nombreux à partager leur voiture pour emprunter la route entre les Abymes et Baie-Mahault, avec un trajet moyen de 23 minutes. Si la majeure partie de ces trajets s'effectuent en zone pointoise, de nombreux usagers de la route choisissent aussi le covoiturage pour faire des distances plus longues, comme pour aller de Petit-Bourg à Saint-Claude. Et concernant les horaires, les covoiturages ont lieu principalement entre 6 et 7h le matin et entre 16 et 17h en fin d'après-midi.

De plus en plus de convaincus

Les Guadeloupéens sont de plus en plus nombreux à choisir le covoiturage comme Wils Loïal fait partie de ces Guadeloupéens adeptes du covoiturage. Il est élève ingénieur à l’Université des Antilles :

Avant, je prenais pas mal de fois le bus et puis finalement, je me suis dit que le covoiturage était plus sympa parce qu'il y a beaucoup d'élèves dans ma classe qui ont la voiture et je me suis dit qu'au niveau écologique, c'était vraiment super. Vu qu'en plus dans ma formation, on est en plein dans l'écologie et aussi ça permet aussi de rémunérer les gens et réduire leurs dépenses au mois. Vu qu'on est tous étudiants, on a tous des difficultés financières, autant s'entraider.

Delphine est enseignante et elle aussi avait un véritable avantage à se lancer dans le covoiturage.

Avec une collègue, nous habitons juste à côté l'une de l'autre. On trouvait ça pas très logique d'aller à deux voitures tous les jours. On s'est dit qu'on ferait des économies. Je suis assez impliquée dans l'écologie donc du coup, c'est vrai que ça me faisait très plaisir de pouvoir covoiturer avec quelqu'un. Donc on habite dans la même rue, on va au même endroit, donc un jour sur deux on covoiture, c'est une qui prend sa voiture un jour et l'autre qui prend sa voiture le jour suivant.

Compte tenu du trajet très court qu'elle réalise, difficile de mesurer le bénéfice financier pour l'instant. Mais pour Delphine, le covoiturage fait baisser le stress au quotidien.

Ce que je vois, c'est surtout un soulagement les jours où je n'ai pas à conduire. En fait, pour moi, je suis beaucoup plus détendue quand je n'ai pas à conduire. Et puis on a le temps de discuter sur le trajet. Donc en fait, les jours où on ne covoiture pas, on ne peut pas parce qu'on a un empêchement ou quoi je suis plutôt déçue.

L’application Karos a le vent en poupe

98% de ces trajets de covoiturage effectués en Guadeloupe sont réalisés avec la plateforme Karos. Même s’il en existe d’autres, comme la plateforme Dépozé par exemple.

Pour Tom Attias, responsable de la communauté des utilisateurs chez Karos, les mesures mises en place ont de quoi séduire.

Le covoiturage, ça existe depuis toujours, mais le covoiturage opéré par des plateformes, c'est-à-dire télécharger une application pour trouver des personnes autour de soi et réaliser un covoiturage de courtes distances pour aller au travail ou aller au campus, c'est relativement récent. Il se trouve que depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, le Syndicat mixte des transports est partenaire de Karos en Guadeloupe et vient cofinancer les trajets.

De quoi réduire la facture des passagers.

Le passager qui monte dans une voiture son trajet ne lui coûte pas plus que 0,50 €. Le conducteur, lui, il est rémunéré au minimum 2 €. Qui est-ce qui paye la différence ? C'est le syndicat. Et donc cette tarification qui est quand même extrêmement attractive, incite les Guadeloupéens de plus en plus à se tourner vers le covoiturage pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, faire des économies, faire des rencontres tout simplement. Et c'est ce qui explique notamment que le territoire guadeloupéen soit aussi dynamique sur le covoiturage.

À cela s’ajoute également la prime prévue dans le cadre du plan de sobriété énergétique instaurée par le gouvernement. Les conducteurs d’un covoiturage peuvent obtenir jusqu’à 100 euros.

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