Prévenir le suicide avec le dispositif VigilanS

Par 12/04/2022 - 16:16 • Mis à jour le 13/04/2022 - 01:50

Créé en 2015 dans les Haut-de-France, ce système de recontact et d’alerte a été déployé dans 17 régions, dont 4 régions d’Outre-mer, en février 2022.

    Prévenir le suicide avec le dispositif VigilanS
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L'effet "pandémie"

Avant la pandémie, la France possédait déjà l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe avec 9 000 décès par an. Or, dès les premiers mois de la crise sanitaire, les professionnels de la santé ont commencé à alerter sur une hausse des suicides, tentatives de suicide, et demandes de prise en charge en psychiatrie.

Si les chiffres varient fortement d'une région ou d'un institut de sondage à l'autre, il apparaît que la tranche des 12-24 ans est particulièrement vulnérable. Les confinements, couvre-feux, et le manque de socialisation de manière générale ont en effet largement contribué à les fragiliser.

Marie-Céline Clouet, psychiatre et médecin coordonnateur du dispositif VigilanS en Guadeloupe, était ce matin (mardi 12 avril) l'invitée du journal de 7 heures présenté par Cédric Centime. Elle constate que cette tendance nationale se vérifie dans notre département.

Elle est peut-être un peu moins importante qu'au niveau national, mais mes collègues pédiatres et pédopsychiatres ont observé une augmentation des suicides et tentatives de suicide au cours de l'année 2021, en particulier dans la tranche des 15-29 ans, et avec des passages à l'acte beaucoup plus violents qu'auparavant.

Le dispositif

En plus de Marie-Céline Clouet, la coordination du dispositif VigilanS en Guadeloupe regroupe une cadre de santé, une assistante médico-administrative qui reçoit les appels, et des vigilanseuses :

Il s'agit d'une cellule opérationnelle composée de trois personnes : deux infirmières, une psychologue et une assistante. Ce sont d'abord elles qui sont en contact avec la personne en souffrance, qui vont assurer les rappels et le maillage avec les différents professionnels de santé, du médecin traitant au centre médico-psychologique.

Le dispositif consiste en un système de recontact et d’alerte. Il organise autour de la personne ayant fait une tentative de suicide, un réseau de professionnels de santé qui garderont le contact avec elle durant un minimum de six mois renouvelables.

Toute personne hospitalisée pour une tentative de suicide se voit ainsi proposer son inclusion dans VigilanS au moment de sa sortie. Une carte ressource lui est remise avec un numéro de téléphone à partir duquel elle pourra joindre les vigilanseurs, ces soignants formés à répondre efficacement en cas de mal-être ou de problème.

Ce numéro est un numéro vert, gratuit tant depuis un poste fixe qu’un portable, et disponible aux heures ouvrables.

Parallèlement, le médecin et éventuellement le psychiatre traitants reçoivent un courrier les informant de l’organisation du dispositif et de l’entrée de leur patient dans celui-ci. Ils disposent eux aussi d’un numéro téléphonique dédié pour répondre à leurs questions.

Si la personne a déjà fait plus d’une tentative de suicide, les vigilanseurs la contactent par téléphone entre dix et vingt jours après sa sortie de l’hôpital pour s’informer de son état de santé. 75 % des récidives ont en effet lieu dans les 6 mois suivant la tentative, et la survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque de tentative dans l’année suivante, par 4 le risque de suicide ultérieur.

Au bout de 6 mois, toutes les personnes incluses dans le dispositif passent une évaluation téléphonique détaillée de leur situation et de leur état de santé mentale, au terme de laquelle la veille est soit reconduite, soit abandonnée car jugée superflue.

Schéma du dispositif Vigilans

Le numéro national de prévention du suicide est le 3114.

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