Quelles mutations sociodémographiques se sont produites sur notre territoire ?

Par 20/06/2023 - 07:00

La monoparentalité, une fécondité en baisse, des départs importants de la population jeune vers d'autres territoires et une population vieillissante, ce sont les points principaux d'une enquête de grande ampleur conçue pour les départements et régions d'Outre-Mer et réalisée par l'INED en collaboration avec l'INSEE. La première enquête avait été réalisée il y a 10 ans, et 10 ans plus tard l'évolution de deux réalités interpelle.

    Quelles mutations sociodémographiques se sont produites sur notre territoire ?

L'importance des familles monoparentales sur notre territoire n'est pas une réalité nouvelle. En revanche, pour la première fois en 10 ans, cet indicateur a été quantifié sous un angle original, celui des enfants. Et de ce point de vue, il en ressort que 60% des enfants guadeloupéens âgés de 0 à 10 ans ont connu durant leur enfance au moins une période de vie monoparentale, alors qu'à La Réunion, pour cette période de vie, les enfants évoluent au sein d'un couple.

Pas de changement 10 ans après

En 10 ans, cette réalité est devenue une spécificité très ancrée, ce qui signifie également qu'en 10 ans, les politiques sociales mises en œuvre n'ont pas réussi à amorcer un début de changement. C'est le constat amer que dresse Claude Valentin-Marie, conseiller outremer à l'INED (institut national d'études démographique) :

D'un côté, inscrire une trajectoire des mères dans une indépendance économique qui leur permettra de mieux prendre en charge les enfants, mobiliser l'appareil scolaire pour un accompagnement spécifique des enfants les plus précaires. C'est la rencontre de ces deux éléments qui peut nous servir, à partir de données sociodémographiques, à mener une politique publique efficiente qui fait en sorte qu'on n'est pas dans une reproduction à l'identique de génération en génération de la précarité.

Autre réalité confirmée par cette enquête, le vieillissement de la population. Deux indicateurs bousculent toutefois les idées communément admises. Le premier, c'est une population vieillissante, certes, mais avec un état de santé qui s'est amélioré en 10 ans.

Le deuxième, toutes les enquêtes ont toujours confirmé que les femmes ont une espérance de vie plus élevée que les hommes. C'est encore le cas, mais cette réalité s'inverse quand l'état de santé devient plus fragile, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Dans cette situation ce sont les hommes qui ont une espérance de vie plus élevée.

Un besoin de politiques sociales et sanitaires adaptées

L'explication fait écho à l'organisation même de la cellule familiale, Magda Tomassini, directrice de l'INED (institut national d'études démographique).

Les femmes ont plus souvent élevé les enfants toutes seules. Elles ont eu des emplois précaires, elles ont donc connu le stress qui est lié à la précarité. Et ensuite, elles se sont occupées aussi de leur mari qui était vieillissant. Et donc, tous ces phénomènes cumulatifs font qu'après, elles se retrouvent en conditions de santé moins favorables que les hommes.

Cette enquête de grande ampleur basée sur des entretiens physiques avec les personnes interrogées a certes pour but de dresser un visage plus actuel des données sociodémographiques du territoire, mais aussi surtout d’aider les pouvoirs publics à élaborer des politiques sociales et sanitaires plus en phase avec les réalités du territoire.

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