TRANCHES D'HISTOIRES : le massacre de la Saint-Valentin

Par 24/02/2018 - 18:49 • Mis à jour le 18/06/2019 - 13:55

Commémoré tous les ans le 14 février, l'affrontement en 1952 entre grévistes et CRS dans la commune du Moule, siège de plusieurs usines de sucre et de distilleries de rhum et seul port de la côte atlantique, avait fait plusieurs morts et blessés parmi les habitants de l'île.

    TRANCHES D'HISTOIRES : le massacre de la Saint-Valentin

Le mouvement  avait été déclenché en novembre 1951 dans le nord de la Grande-Terre suite à l'échec des négociations entre les patrons "békés" et les travailleurs du secteur sur la fixation du prix d'achat de la canne à sucre et les salaires agricoles et ouvriers avant l'ouverture de la récolte annuelle. Les revendications concernent alors la rémunération de la journée de travail et l’allègement des tâches sur les champs. Les grévistes demandent que leurs salaires soient similaires à ceux des Français. Ils évoquent la loi du 19 mars 1946 qui faisait des colonies des Antilles des départements français. Puis les revendications s'étendent à une augmentation du prix de la tonne de la canne à sucre.

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En janvier 1952, les ouvriers et cultivateurs obtiennent le soutien des fonctionnaires qui réclament également de meilleurs salaires. Un appel à la grève générale est lancé sur l'ensemble de la Guadeloupe. L'ensemble des sites de production de la canne sont touchés : Petit-Bourg, Capesterre, Comté, Beauport, Bonne Mère. Le 11 février, les CRS prennent position au Moule qui accueille à l'époque, plusieurs usines de sucre et de distilleries de rhum et le seul port de la côte atlantique. Le 14 février 1952, les grévistes érigent un barrage à l’entrée du boulevard Rougé pour empêcher l’accès de l’usine Gardel aux charrettes de cannes à sucre

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Le 14 février 1952, une barricade est érigée à l’entrée de la ville pour empêcher l’accès à l’usine Gardel. La tension monte et les gendarmes et CRS tirent sur la foule. Le communiqué officiel de l'époque publié par le ministère de l'intérieur dans la presse métropolitaine 4 jours plus tard parle de légitime défense après que les forces de l'ordre aient reçu "des coups de feu blessant un officier et plusieurs gendarmes et C.R.S et des bombes incendiaires ».

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Quatre Guadeloupéens sont tués : Constance Dulac, Capitolin Justinien, François Serdot et Édouard Dernon. 14 autres personnes sont blessées. Certaines victimes n'avaient pas de liens avec les manifestants, simples passants ou curieux.

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Chaque année des manifestations commémoratives sont organisées le 14 février par des organisations politiques et syndicales de la Guadeloupe. Une stèle est érigée devant le cimetière du Moule. Un odonyme local "Rue du 14-Février-1952" rappelle ces événements.

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