La thanatopraxie ou l’art de l’embaumement

La thanatopraxie est un métier aux sonorités un peu barbares, qui suscite beaucoup d’interrogations. Rencontre avec l'un des ces professionnels qui, à leur manière, redonnent vie aux morts.

    La thanatopraxie ou l’art de l’embaumement

Jean-Louis YOLDI est l’un des 5 thanatopracteurs en Martinique. Il est aussi entrepreneur de pompes funèbres au Marigot.

Il y a 16 ans, alors qu’il a déjà son activité, il est confronté à l’impossibilité de conserver des corps par rapport à leur dégradation naturelle. Il refuse alors cette fatalité et décide de partir dans l’hexagone se former au métier de thanatopracteur.

Une formation de deux ans, avec numerus clausus

Le martiniquais suit des cours à la faculté de médecine d’Angers et puis à l’HYGÉCO à Garges-lès-Gonesse dans le Val d’Oise. Il y apprend les gestes « techniques » de conservation d’un corps mais aussi de nombreuses connaissances sur le processus psychologique du deuil et des funérailles. Des savoirs essentiels pour accompagner au mieux les familles dans la perte d’un être cher. Chaque année, sur les 250 étudiants, seuls 50 obtiennent le diplôme d’état. Un numérus clausus est en effet imposé à la profession, comme pour les médecins.

Un travail minutieux

En 2005, il revient en Martinique et propose donc, dans son entreprise de pompes funèbres, ce nouveau service de thanatopraxie, avec le souci du détail, une grande humilité, de la discrétion et la conscience de son rôle auprès des familles.

Jean-Louis Yoldi prépare aujourd’hui, en moyenne, cinq défunts par semaine. Ainsi, dès que son téléphone sonne, il récupère le corps décédé et réalise, à la demande de la famille, un soin de conservation, de présentation ou une simple toilette.

Un travail minutieux qui doit frôler la perfection et répondre parfaitement aux attentes des proches, afin de permettre une présentation du corps, lors de la veillée, fidèle au vivant qu’était le défunt.

Cette tradition de veillée donne ainsi, sur nos territoires antillais, un sens particulier à la mission du thanatopracteur. Ce dernier doit en effet s’assurer de rendre le visage du défunt apaisé et apaisant, sans pour autant changer l’image que ses proches ont de lui.

Un métier méconnu du grand public

Beaucoup de méconnaissances demeurent autour de cette profession. Et cette ignorance suscite souvent de la peur chez les proches du défunt…Quels sont les gestes ? Que fait le thanatopracteur ?

Pour démystifier sa pratique, Jean-Louis Yoldi a accepté de nous livrer le processus de soins dans ses grandes lignes.

Il nous rappelle d’abord que le but de thanatopraxie est de rendre le corps du défunt présentable, de lui donner un visage agréable et ensuite de le conserver.

Pour cela, le professionnel débute la préparation en faisant une dialyse au défunt. Un acte qui vide le corps de son sang et réinjecte ensuite un liquide à base de formol, seul produit connu à ce jour pour conserver un corps mort.

Viennent ensuite les gestes de préparation « superficiels ». Il s’agit d’abord de faire une toilette du corps puis de procéder au maquillage, plus ou moins soutenu, en fonction des demandes de la famille mais aussi de l’état du corps du défunt.

En effet, un corps décédé après un long processus de soins, ou lors d’un violent accident, demande plus de travail de reconstruction pour obtenir un visage apaisé.

Le thanatopracteur poudre donc le défunt, applique parfois, pour les femmes, du rouge à lèvres et procède alors à l’habillage puis à la coiffure.

Le corps est ensuite présenté sur le lit réfrigérant pour le rituel funéraire choisi.

Thanatopracteur est un métier exigeant qui demande non seulement une bonne condition physique, psychique mais aussi une grande rigueur pour maîtriser parfaitement les gestes médicaux, esthétiques et doser les produits chimiques.

Mais avant tout cela, Jean-Louis Yoldi pense qu’il faut surtout disposer d’une qualité : le respect de l’être humain, tout simplement.