Un producteur de musique violemment tabassé par des policiers dans son studio à Paris

Par 26/11/2020 - 11:50 • Mis à jour le 27/11/2020 - 05:46

Les vidéos de l'interpellation hyper violente d'un producteur de musique d'origine martiniquaise font le tour des réseaux sociaux. La parquet de Paris a ouvert une enquête. Trois policiers ont été suspendus.

    Un producteur de musique violemment tabassé par des policiers dans son studio à Paris

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé jeudi la suspension de plusieurs policiers visés par une enquête du parquet de Paris pour "violences" et "faux en écriture publique" après le tabassage d'un producteur de musique samedi à Paris dont la vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux.

Trois officiers de police ont été suspendus par la directeur de la police national dans la foulée.

Cette affaire intervient en pleine polémique sur un projet de loi qui encadre la diffusion des images des forces de l'ordre en opération et après l'évacuation musclée, lundi, d'un camp de migrants au cœur de la capitale.

Les images publiées jeudi par le site Loopsider montrent un homme appelé "Michel" qui subit une volée de coups assénés par des policiers alors qu'il se trouve à l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris.

Selon leur procès-verbal consulté par l'AFP, les policiers ont tenté de l'interpeller pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils.

 

Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, également consultées par l'AFP, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque.

Dans leur rapport, les policiers ont écrit à plusieurs reprises que l'homme les avait frappés.

Selon ces mêmes images, "Michel" résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène de lutte dure cinq minutes.

Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l'entrée, provoquant le repli des policiers à l'extérieur et la fermeture de la porte du studio.

Les policiers tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l'intérieur du studio une grenade lacrymogène qui enfume la pièce. D'autres images dévoilées par Loopsider et tournées par des riverains montrent les policiers pointer leurs armes dans la rue et intimer à "Michel" de sortir du studio.

 

Suite à cette interpellation, l'homme a dans un premier temps été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion".

Suspensions

Mais le parquet de Paris a classé cette enquête et ouvert mardi une nouvelle procédure pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique" et "faux en écriture publique", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices.

"Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés", a indiqué jeudi sur Twitter le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en souhaitant que "la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais".

Le préfet de police de Paris a indiqué avoir demandé au Directeur général de la police nationale "de suspendre à titre conservatoire les policiers impliqués".

"Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l'ont outrageusement violenté", a dénoncé de son côté l'avocate de Michel, Me Hafida El Ali.

"Si nous n'avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison", a-t-elle ajouté à l'AFP.

"Ces images sont insoutenables", a réagi jeudi sur Twitter le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire. "Terribles et injustifiables images", a ajouté le député Mathieu Orphelin.

L'Assemblée nationale a voté cette semaine la proposition de loi "Sécurité globale", dont l'article 24 réprime d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" de membres des forces de l'ordre en intervention, quand elle porte "atteinte" à leur "intégrité physique ou psychique".

Ce texte, qui doit être examiné au Sénat, a suscité de vives critiques de la part des journalistes et des défenseurs des libertés.

Mardi, le parquet de Paris avait déjà ouvert deux enquêtes relatives à des faits de "violences" dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et un journaliste lors de l'évacuation d'un campement de migrants lundi soir place de la République à Paris

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