Nouvelle-Calédonie : victoire écrasante du non à l'indépendance, taux d'abstention record

Par 12/12/2021 - 09:08 • Mis à jour le 13/12/2021 - 10:57

C'est sans surprise que le non l'emporte largement avec 96,49% des voix aujourd'hui (dimanche 12 décembre) lors du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Un score exceptionnel qui s'explique par l'appel à s'abstenir de la part des autorités kanaks indépendantistes, du fait d'une période de deuil kanak en cours.

    Nouvelle-Calédonie : victoire écrasante du non à l'indépendance, taux d'abstention record

Un fort taux d'abstention

Le non à l’indépendance l’emporte de manière écrasante dimanche lors du troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, marqué par une abstention record après l’appel des indépendantistes à bouder le scrutin. Le camp du non à l'indépendance l'emporte avec 96,49% des voix, contre seulement 3,51% pour les partisans du oui, selon les résultats définitifs communiqués par le Haut-Commissariat.

La campagne électorale a été très perturbée par la crise sanitaire et les indépendantistes du Front de Libération National Kanak Socialiste qui s'expriment au nom du peuple autochtone, ont appelé à ne pas aller voter. La consigne a été très suivie, en particulier dans les zones où le vote indépendantiste est fort. Ce sont les mêmes zones où les Kanak sont majoritaires. La participation, qui était de 80% en 2020 lors du dernier référendum a été divisée par deux cette année. Le taux de participation s'est effondré à 43,90%. Les loyalistes, qui craignaient une démobilisation de leurs partisans, faute d'enjeux, ont réussi à réunir 75.762 voix, contre 81.501 voix lors du référendum de 2020.

Une période de deuil kanak

À Nouméa, les bureaux de vote connaissaient une affluence disparate : pas un chat dans les quartiers populaires kanaks, mais des files d’attente dans les autres. Les indépendantistes avaient annoncé qu’ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l’impossibilité d’organiser « une campagne équitable » alors que l’archipel est touché depuis septembre par une épidémie de Covid. Le président du Sénat coutumier, Yvon Kona, a lancé un « appel au calme » jeudi tout en demandant « aux citoyens kanaks et aux progressistes calédoniens d’observer une journée nationale de « deuil kanak » le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote ». Des moyens exceptionnels – 2 000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés et des moyens aériens – sont sur le terrain « pour bleuir le territoire », selon les termes du haut-commissaire de la République.

Un « référendum de projet » d’ici à juin 2023

Ce référendum s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanaks, peuple premier, et les Caldoches, d’origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts). Quel que soit le résultat du référendum, « le jour d’après il y aura une vie ensemble » avec la France, notamment « compte tenu de la réalité géopolitique de la région », promettait le président Emmanuel Macron.

En juin, à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’État qu’après le 12 décembre s’ouvrirait « une période de stabilité et de convergence » avant un « référendum de projet » d’ici à juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d’un nouvel État et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République. Le dialogue ne sera cependant pas si facile, le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi qu’ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l’élection présidentielle française, en avril 2022. La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser de l’ONU.

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