Chlordécone : la délégation Outre-mer de l'Assemblée vote une motion

Par 08/02/2018 - 07:15 • Mis à jour le 18/06/2019 - 14:00

La délégation Outre-mer de l'Assemblée Nationale a auditionné hier Jean-Luc Volatier, adjoint au directeur de l'évaluation des risques à l'ANSES.

    Chlordécone : la délégation Outre-mer de l'Assemblée vote une motion

En décembre dernier, l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail publiait un rapport où elle mettait en cause l'approvisionnement par les "circuits informels" dans la sur-exposition des populations et donnait comme recommandations une consommation limitée et l'importance des programmes de diagnostics dans les jardins familiaux.

Hier, devant les députés membres de la délégation, Jean-Luc Volatier a repris les différents points de l'étude et reconnu que l'exposition au chlordécone était un "enjeu de santé publique" et que l'augmentation des LMR, demande faite à l'Europe en 2013 sans que l'on sache clairement d'où elle émane, avait pu être perçue comme "un mauvais signal".

Face à lui, les députés ont fait part de leurs remarques, relayé les inquiétudes de la population, parfois avec force. Serge Letchimy n'a ainsi pas hésité à employer les mots de "crime d'Etat" et de "volonté de cacher" délibérément"Quand je parle d'Etat, c'est dès l'origine et encore maintenant car le flou entretenu sur cette question depuis des années, concernant l'augmentation des LMR, ce flou est coupable, on ne peut pas se permettre de répondre à côté de la plaque à une question de parlementaire, de ne pas donner des précisions...", a-t-il expliqué au micro de RCI Paris.

Visé par des propos de Serge Letchimy, Olivier Serva a voulu tempérer. "Ce sont des mots qui sont à la hauteur de l'inquiétude et de la souffrance de nos populations", a-t-il déclaré. "Maintenant il s'agit d'établir scientifiquement les faits, d'y consacrer les moyens nécessaires, de respecter les populations ultramarines et de faire toute la lumière sur cette pollution qui pourrait éventuellement avoir des conséquences sur notre santé à long terme en Guadeloupe et en Martinique".

Au terme de la réunion, plus courte que prévue en raison d'un rendez-vous des élus au ministère des Outre-mer, une motion a été votée. Si les députés ont mis un peu de temps à s'accorder sur le contenu du texte, ils ont décidé au final d'insister sur la notion, essentielle pour eux, d'enjeu de santé publique. La motion demande également au gouvernement que "toutes les dispositions soient prises pour répondre aux inquiétudes des populations durablement exposées à la pollution par le chlordécone et notamment pour réduire les limites réglementaires applicables au calcul de cette pollution". Demande est aussi faite de reprendre les études scientifiques sur le risque épidémiologique en Guadeloupe et en Martinique.

Si certains députés voulaient y inscrire une demande de rendez-vous au Premier ministre, cela n'a pas été pris en compte. La délégation devrait auditionner le 21 février prochain la ministre de la Santé. Agnès Buzyn a également annoncé mardi au Sénat une prochaine réunion au ministère des Outre-mer autour du dossier chlordécone.