L'Amérique enterre George Floyd, érigé en martyr des violences policières et racistes

Par 09/06/2020 - 14:22 • Mis à jour le 09/06/2020 - 17:00

Les funérailles de George Floyd ont débuté mardi à Houston, au Texas, quinze jours après la mort de cet Américain noir asphyxié par un policier blanc dont le calvaire a suscité des manifestations monstres dans tous les Etats-Unis.

    L'Amérique enterre George Floyd, érigé en martyr des violences policières et racistes


L'heure du dernier adieu est venue: la ville de Houston, au Texas, enterre mardi George Floyd après une pluie d'hommages pour celui qui incarne aujourd'hui dans le monde entier les victimes du racisme et des violences policières aux Etats-Unis.

« C'est l'heure de célébrer sa vie », a lancé la pasteure Mia Wright dans l'église bondée Fountain of Praise en ouvrant la cérémonie funèbre. « Nous allons peut-être pleurer, faire notre deuil, mais nous allons trouver du réconfort et de l'espoir »

Les proches de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans tué par un policier blanc il y a quinze jours à Minneapolis, dans le nord du pays, se sont étreints devant son cercueil ouvert, tandis qu'un groupe de gospel entamait des chants enlevés.

Le silence s'était en revanche imposé à l'arrivée du cercueil, pour lequel des policiers ont formé une haie d'honneur. 
« L'heure de la justice raciale » est venue aux Etats-Unis, a lancé mardi le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden dans une vidéo diffusée pendant la cérémonie d'obsèques de George Floyd. « Nous ne pouvons plus nous détourner du racisme qui blesse notre âme », a ajouté l'ancien vice-président de Barack Obama, en rendant hommage à cet Afro-Américain de 46 ans, dont la mort il y a quinze jours sous le genou d'un policier blanc a suscité une vague de manifestations dans tout le pays et au-delà.

Une vidéo de la scène, devenue virale

Les forces de l'ordre sont au banc des accusés depuis sa mort, le 25 mai, dans des circonstances qui continuent de glacer l'Amérique: plaqué au sol, menotté, George Floyd a été asphyxié par l'agent Derek Chauvin, qui est resté agenouillé sur son cou pendant près de neuf minutes. Une vidéo de la scène, devenue virale, a poussé les Américains à descendre par milliers dans les rues pour exiger la fin des brutalités policières et des discriminations raciales, lors de manifestations d'une ampleur inédite depuis le mouvement des droits civiques des années 1960.
Mardi, la cérémonie était réservée à 500 invités, des proches, quelques personnalités comme l'acteur Jamie Foxx ou le boxeur Floyd Mayweather, ainsi que des élus, tous priés de porter un masque en raison du nouveau coronavirus.

« Nous voulons que la famille sache qu'elle n'est pas seule », a déclaré le parlementaire démocrate Al Green à son arrivée, en espérant que le mouvement de colère ait "un impact" durable.
George Floyd doit ensuite être enterré aux côtés de sa mère Larcenia, décédée en 2018, dont il avait le surnom "Cissy" tatoué sur la poitrine. Lors de son calvaire, il avait supplié le policier Derek Chauvin de le relâcher en implorant "maman".

Devenu le visage des brutalités policières, l'agent de 44 ans a comparu lundi pour la première fois devant la justice par vidéo. Lors de l'audience, la juge a fixé à un million de dollars le montant de sa caution libératoire, assortie de certaines conditions. Il avait fallu attendre quatre jours pour qu'il soit arrêté et inculpé, dans un premier temps d'homicide involontaire. Ses trois collègues impliqués dans le drame n'avaient alors pas été inquiétés. 
Cette clémence apparente de la justice avait attisé la colère et, le dernier week-end de mai, les manifestations avaient dégénéré en violences, avec des affrontements et des pillages nocturnes dans plusieurs villes du pays.