Pourquoi la remise en cause de la liberté d'avorter aux Etats-Unis inquiète-t-elle hors de ses frontières ?

Par 27/06/2022 - 11:44 • Mis à jour le 28/06/2022 - 07:42

La semaine dernière, les États-Unis se sont engagés dans une régression historique. Le nouvel arrêt pris par la Cour suprême a provoqué d'innombrables réactions à travers le monde, mais aussi à notre échelle locale.

    Pourquoi la remise en cause de la liberté d'avorter aux Etats-Unis inquiète-t-elle hors de ses frontières ?
Photo d'illustration

La fin d'un droit fondamental

La Cour suprême des États-Unis a enterré, vendredi dernier, 24 juin, l'arrêt "Roe vs Wade" : depuis près d'un demi-siècle, il garantissait le droit des Américaines à avorter. Désormais, chaque état américain sera libre d'autoriser ou non l'IVG, comme c'était le cas avant 1973.

Que pensez-vous d’une telle décision ? Nous sommes allés recueillir vos réactions :

Je trouve que les USA font marche arrière. Il faut laisser aux femmes le droit de disposer de leurs corps.

Pour des questions religieuses, je suis contre l'avortement, mais je pense malgré tout que la femme doit être libre de son choix.

C'est un énorme retour en arrière pour le droit des femmes, c'est assez effrayant. Et ça montre bien qu'on doit aussi faire attention en France, parce que rien n'est acquis.

C'est une régression, et c'est triste pour un grand pays comme les États-Unis, car, certainement, d'autres nations voudront suivre son exemple, et c'est pas bon.

La peur d'une nouvelle vague obscurantiste

Ce nouvel arrêt de la Cour suprême a provoqué d'innombrables réactions d'associations et de personnalités à travers le monde, y compris chez nous. Martine Noël, vice-présidente de l’association Solidarité Femmes de Guadeloupe, nous explique pourquoi :

Au-delà de la sidération, c'est une grande inquiétude parce que, comme l'avait si justement dit Simone de Beauvoir, les droits des femmes ne sont pas toujours acquis, que ce soit pour des raisons politiques ou religieuses. La vigilance est une priorité constante. Nous allons d'ailleurs nous concerter avec d'autres associations, car il faut mobiliser l'opinion publique, c'est un moment grave.

L'avortement dans la Caraïbe

Au-delà des États-Unis, de nombreux pays restreignent encore le droit à l’avortement dans le monde et dans la Caraïbe. Il est même totalement interdit dans une vingtaine de pays.

À Haïti et en République dominicaine notamment, l'IVG est illégale. Par conséquent, les pratiques clandestines sont courantes et mettent en danger la santé et la vie des femmes.

En République dominicaine, le code pénal impose des peines de prison pouvant aller jusqu'à deux ans aux femmes qui recourent à l'avortement, et jusqu'à 20 ans pour les membres du corps médical qui les pratiquent.

Hormis Cuba, qui autorise l'IVG à la demande de la femme, les autres pays d'Amérique latine ne l'autorisent que sous certaines conditions extrêmement restrictives.

Elle est accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la femme, comme à Sainte-Lucie, à Grenade ou encore à Saint-Kitts-et-Nevis. À Anguilla, tout comme à Saint-Vincent et dans les Grenadines, l'avortement n'est possible qu'en cas de problèmes congénitaux graves du fœtus, ou pour des raisons socio-économiques.

On estime qu'une grossesse sur quatre se termine par un avortement chaque année dans le monde, plus de 40 % des femmes en âge de concevoir vivent dans des états aux lois restrictives.

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