Elections territoriales : report ou scrutin à la carte ?

Par 12/04/2021 - 10:47 • Mis à jour le 12/04/2021 - 20:04

Le conseil scientifique renvoi au gouvernement quant à la tenue des élections territoriales en juin prochain. À la Martinique, le préfet a donc consulté les maires, qui avaient jusqu'à dimanche 11 avril pour se prononcer. Un scrutin à la carte pour les territoires d'Outre-Mer est envisagé.

    Elections territoriales : report ou scrutin à la carte ?

À deux mois du scrutin, la question du choix de la date des élections territoriales n'est pas encore réglée. Dans son avis rendu au Premier ministre lundi 29 mars, le conseil scientifique a refusé de trancher la question, estimant qu’elle « incombe aux seules autorités politiques ». De son côté, le gouvernement a confirmé qu'il privilégiait à ce stade le maintien du vote les 13 et 20 juin.


Mais à l'Assemblée nationale, les avis divergent sur cette question : une discorde que l'on rencontre au sein même de la majorité. Jeudi, Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale s'est dit favorable à un report des élections régionales et départementales de juin à octobre prochain, et ce, contre l'avis de son parti LREM. Aussi, des débats devraient se tenir mardi 13 et mercredi 14 avril sur la question au Parlement, à l'Assemblée nationale puis le Sénat.


Avant cela, le gouvernement a demandé vendredi aux maires d'indiquer "par oui ou par non si les conditions préconisées par le comité scientifique [leur] semblent réunies pour tenir les deux scrutins".


Les élus locaux consultés en Martinique


En Martinique, un courrier électronique a été envoyé aux maires en provenance du préfet. Ces élus avaient jusqu'à dimanche 14 h pour envoyer leur position : des avis qui seront transmis au Premier ministre en vue du débat parlementaire prévu mardi et mercredi.


Mais les points de vue semblent plutôt partager. Nous avons pu consulter quelques-uns de ces élus, et chacun a son argument pour appuyer sa décision. Du côté de ceux qui sont favorables au report des élections, Marcelin Nadeau, maire du Prêcheur et cofondateur de Peyi'a. Il souhaite un report pour la période de septembre-novembre 2021, notamment en raison des difficultés pour organiser les élections en tenant compte des préconisations du conseil scientifique, comme le fait de solliciter des personnes vaccinées dans les bureaux de votes. Le maire du Prêcheur avance également le fait qu'une campagne réduite aura un impact sur la qualité du débat démocratique, ou encore le risque de forte abstention à cause de la situation sanitaire comme cela avait été le cas pour les élections municipales.


Outre les maires, les parlementaires, les candidats et partis politiques ont également été consultés la semaine dernière. Le Parti progressiste martiniquais a voté pour le maintien des élections en juin, mais avec une vigilance sur l'évolution de la situation sanitaire. De son côté en revanche, le candidat Philippe Jock, président de la Chambre de Commerce, est lui favorable au report pour les 24 et 31 octobre. Selon lui, une élection en l'état favoriserait déjà les partis établis. De plus, une campagne électorale numérique n'aura pas, selon lui, pas l'adhésion des Martiniquais.


Un scrutin à la carte pour les Outre-mer ?


Une autre piste est également envisagée par les autorités politiques : celle d'un scrutin à la carte en Outre-mer. Chaque territoire pourrait ainsi choisir de voter ou non en fonction de sa situation sanitaire.
Mais pour Justin Daniel, professeur de sciences politiques à l'université des Antilles, il faudrait passer pour cela par le volet législatif. En effet, une loi fixe la date des élections régionales et départementales, et précise que les élections à l'Assemblée de Martinique et de Guyane se déroulent en même temps que les élections régionales et départementales en France.


Il faudrait qu'une nouvelle loi intervienne et propose une date qui serait spécifique à la Martinique. Pour cela, il faudrait qu'il y ait un argumentaire développé par les élus qui justifie un calendrier spécifique.

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