TRIBUNE - Catherine Conconne plaide pour un travail de transparence sur l'accès à la haute fonction publique

Par 16/06/2020 - 11:02

TRIBUNE - Depuis plusieurs jours, un montage mettant en évidence la forte présence de personnes blanches à la tête des administrations d'Etat aux Antilles anime un débat délicat. La sénatrice de Martinique, Catherine Conconne, s'est emparé du sujet et a adressé un courrier au premier ministre.

    TRIBUNE - Catherine Conconne plaide pour un travail de transparence sur l'accès à la haute fonction publique

Pour un travail de transparence sur l'accès de nos ressortissants à la haute fonction publique

 

Monsieur le Premier ministre,
 
Le meurtre de Georges Floyd est venu jeter, dans le monde dit occidental, une lumière crue sur le racisme qui continue d’habiter nos sociétés. En Martinique, cette question de la couleur de peau et de la place qu’elle assigne aux individus traverse notre histoire. Chaque injustice vient réveiller cette plaie toujours béante et nourrir un sentiment de révolte chez une grande partie de notre population. 
 
Ces derniers mois, une série d’événements a alimenté, de façon parfois violente, les questionnements sur notre histoire et son héritage encore présent. Parmi les interrogations centrales que porte une partie des Martiniquais figure celle de la structure du pouvoir administratif, notamment au sein de la fonction publique d’État et de la fonction publique hospitalière. Plusieurs signalements récents viennent raviver l’impression, assez prégnante chez nous, que certains postes de la haute administration seraient inaccessibles aux personnes originaires de Martinique. Cela entretient un sentiment de distance, voire de méfiance et d’incompréhension, entre les citoyens et l’État. 
 
Mes convictions fondées sur un humanisme universel assumé m’amènent à envisager ce débat sans passion. Je connais les règles qui régissent l’accès et l’exercice de telles fonctions : la réussite des concours ou l’exigence de mobilité notamment. Je sais, par ailleurs, qu’un rapport vous a déjà été remis sur le sujet par le député Olivier Serva mais le contexte dans lequel nous nous trouvons appelle des réponses claires.
 
L’État doit pouvoir mener un travail de transparence sur le processus d’attribution de ces postes afin de briser certaines idées reçues ou de mettre en lumière des pistes d’amélioration. Il serait notamment opportun d’indiquer :

  • le nombre et la proportion de personnes originaires des outre-mer qui passent et réussissent les concours permettant d’accéder à la haute fonction publique chaque année. Cela doit permettre de faire ressortir les obstacles éventuels dans l’accès de nos concitoyens à ces parcours ;

 

  • le nombre et la proportion de personnes originaires des outre-mer qui occupent un poste dans la haute fonction publique au niveau national ;

 

  • le nombre et la proportion de personnes originaires des outre-mer qui occupent un poste dans la haute fonction publique en outre-mer ;

 

  • les freins éventuels qui peuvent exister à l’affectation de fonctionnaires ultra-marins dans leur territoire d’origine ;

 

  • l’état de la prise en compte effective des centres d’intérêts matériels et moraux dans les mutations. Il serait, par ailleurs, important qu’un rapport d’évaluation soit réalisé annuellement pour faire connaître le nombre de personnes bénéficiant d’une mutation au titre des CIMM. 

 
Cette question est sensible et c’est sans animosité que je l’aborde. La transparence et le dialogue me semblent être les meilleurs outils de l’apaisement. 
 
J’espère, Monsieur le Premier ministre, obtenir votre écoute. 
 
Veuillez agréer, mes meilleures salutations,

Catherine Conconne
Sénatrice de la Martinique 

 

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