La prostitution et le proxénétisme sont en hausse en Martinique

Par 18/01/2021 - 20:41 • Mis à jour le 19/01/2021 - 17:25

Alors qu'une affaire de proxénétisme aggravé a émaillé l'actualité récente de l'île, l'association du Mouvement du nid était invitée au 13h sur l'antenne de RCI. La responsable de la structure en Martinique, Lavinia Ruscini, a notamment confirmé l'augmentation des cas de prostitution et de proxénétisme sur l'ensemble du territoire. Elle a également évoqué les actions menées pour porter assistance aux victimes de ce système.

    La prostitution et le proxénétisme sont en hausse en Martinique

Le 15 janvier dernier, un dossier sensible de proxénétisme aggravé en Martinique était rendu public par le procureur de la République. Trois personnes ont été placées en détention provisoire dans cette affaire qui a débuté en juillet dernier grâce au témoignage d'une des victimes. Et au milieu de l'horreur, deux jeunes filles dont une mineure au moment des faits.

Ce dossier a rappelé que les affaires de proxénétisme ne sont pas isolées en Martinique, et que le travail des associations est crucial.

Visiblement, ce genre de réseau se multiplie sur l'ensemble de l'île. C'est ce qu'enregistre le Mouvement du nid qui lutte contre ce fléau. Cette association française qui a pour but d'agir sur les causes et les conséquences de la prostitution, est aux premières lignes pour constater l'augmentation de la prostitution sur le territoire, comme l'indique Lavinia Ruscigni, responsable de la délégation Martinique du Mouvement du nid : 

Il y en a de plus en plus. C'est une situation qui est probablement générée par la crise économique, sociale et politique actuelle

Généralement, les victimes ont entre 24 et 32 ans, et sont étrangères, originaires de Saint-Domingue, du Venezuela ou d’Haïti.

Ce sont des profils aux parcours compliqués, et des personnes issues de l'immigration voire de trafics d'êtres humains, qui ignorent le droit en application et connaissent très mal la Martinique. La barrière de la langue, et le sentiment de honte empêchent souvent les victimes de s'exprimer.

Or la loi d'avril 2016 reconnaît comme victimes les personnes prostituées, en particulier sous l'emprise d'un proxénète. Le texte prévoit aussi des sanctions pour leurs clients. Les personnes victimes d'un système prostitutionnel n'ont donc pas à craindre de prendre la parole et de porter plainte le cas échéant.

Une approche des mineurs par les réseaux sociaux et aux abords des écoles

Depuis une dizaine d'années, les mineurs sont de plus en plus approchés sur les réseaux sociaux mais pas seulement. Si les prédateurs d'hier les abordaient davantage aux abords des écoles ou dans les rues, l'environnement scolaire reste un lieu de recherches de victimes pour les proxénètes, comme l'indique la responsable de l'association :

Nous avons eu plusieurs signalements aux alentours d'établissements scolaires 

Généralement, ils promettent une vie meilleure à leurs victimes, leur font miroiter des week-ends de rêve ou leur promettent des achats de téléphones, ou de vêtements de luxe.

Une lutte multi-facettes de l'association

L'association du Mouvement du nid axe donc ses actions autour de la rencontre sur les lieux de prostitution, l'accompagnement pour les démarches administratives, la formation et la sensibilisation auprès des professionnels et des jeunes dans les établissements scolaires.

Une lutte permanente et difficile que l'association mène en partenariat avec La Croix Rouge, et 17 personnes sont actuellement intégrée au parcours de sortie de prostitution, selon la responsable.

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