Harry Roselmack présente son nouvel ouvrage en Martinique

Par 15/05/2021 - 13:10 • Mis à jour le 15/05/2021 - 20:21

Le journaliste Harry Roselmack signe un nouvel ouvrage : « Nouvelles d’après 20H », co-écrit avec son ami écrivain Michel Douard aux éditions Auteurs du Monde. Un recueil qu’il est venu présenter en Martinique. Il est d’ailleurs en séance de dédicace ce samedi 15 mai de 13h à 16h à l’hôtel Batelière à Schoelcher. Fanny Marsot a lu son oeuvre pour nous.

    Harry Roselmack présente son nouvel ouvrage en Martinique

Ode à la liberté

« Nouvelles d’après 20H » c’est une ode à la liberté littéraire. Harry Roselmack et Michel Douard y ont aboli tous les codes habituels de lecture. Pas de sens de circulation, pas de début, pas de fin, pas de quatrième de couverture. Peu importe le sens dans lequel on l’attrape, le soir, en pyjama, marqué par la fatigue de la journée, sur la table de nuit ou l’après-midi, fouillé dans un immense sac entre la serviette et l’huile de roucou, aveuglé par le soleil qui irradie une plage, il y a toujours un texte à portée d’œil. 

Chacun des auteurs a son coté de livre, et chacun y fait défiler des univers différents, des personnages variés, des réalités diverses. Harry Roselmack y fait transpirer son antillanité, ses réflexions sur les rapports humains, sur le vivre ensemble, sur le temps qui passe, sur les conséquences que nos rencontres peuvent avoir sur nos destins.

Beaucoup de lui

« Je partage beaucoup de moi dans ce livre » confie Harry Roselmack sur RCI. C’est vrai, au fil des pages on peut retrouver le peu qu’on connaît de cet homme discret. Une femme qui écoute du zouk en voiture, un homme dans un avion, Tours, la ville où il est né, une nouvelle tout en créole et quelques expressions de chez nous, que certains personnages jettent comme un réflexe naturel : « Patat’ chat' ! ». 

Et puis il y a des réflexions sur l’homme Noir, sur sa place dans la société française, les efforts qu’il doit déployer pour réussir, son rapport à son Histoire. Sous les traits d’un jeune sportif, il évoque l’héritage de l’esclavage et sa confrontation aux passés douloureux d’autres communautés. Derrière la solitude d’un agent de sécurité, on lit les inquiétudes des extrémismes, du racisme et la quête d’une société plus juste. Dans l’intimité d’un cabinet médical, on confronte un planteur de bananes aux effets du chlordécone. 

Au fil des pages, Harry Roselmack, si on le cherche, se révèle. Il se cite même dans un débat intercommunautaire : « y’a plus de racisme en France, regarde Roselmack ! » « Quoi Roselmack !? C’est pas parce qu’il y a un Noir au 20 Heures que les discriminations et humiliations que subissent les Noirs dans ce pays ont disparu ».

Plume juste et libre

En français ou en créole, les nouvelles d’Harry Roselmack ne sont pas de simples histoires.

Chacune mène à une réflexion, à une introspection. C’est un divertissement utile. Quand deux entités délestées de leur enveloppe corporelle après la mort échangent sur le sens de la vie sur terre, on en vient à s’interroger aussi. Un enfant qui rédige une lettre à l’orthographe approximative pour évoquer le désamour de ses parents, un homme qui pardonne son bourreau, un autre qui a battu sa femme mais ne se pardonne pas lui-même, un ancien athlète, leste et rapide qui fait face à un monde vieilli et ralentit, une mère frappée d’Alzheimer qui ne reconnaît plus ses enfants…autant d’aventures du quotidien, de réalités voisines, qui se côtoient au fil des pages comme les fenêtres d’un immeuble où chaque appartement abrite l’intimité d’une famille.

L’auteur plonge le lecteur dans une galerie de portraits émouvants qui le glisse, pour quelques minutes, dans la peau d’un autre. Une manière d’expérimenter le monde avec d’autres yeux. Et quand on arrive au terme de cette partie de l’ouvrage, de ce voyage bouleversant, on en revient aux derniers mots de « Post Mortem », « arrêtons de penser… et soyons », idéalement, une meilleure version de nous même.

 

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