« Tout Moun », la danse comme point de rencontre de la diversité

Par 09/10/2023 - 15:52 • Mis à jour le 10/10/2023 - 06:59

« Tout Moun », le spectacle de danse déploie un espace sonore, visuel et immersif, où tout semble s’inventer en temps réel.

    « Tout Moun », la danse comme point de rencontre de la diversité
Représentation scolaire du spectacle TOUT MOUN à Tropiques Atrium

Nous changeons d’identité au fur et à mesure que nous apprenons à connaitre le monde - Edouard Glissant -

Jouer sur les terres d’Edouard Glissant

L’émotion était palpable chez Héla Fattoumi et Eric Lamoureux lors de la présentation en Martinique à Tropiques Atrium de leur nouvel opus (les 6 et 7 octobre 2023).

Les deux chorégraphes qui évoluent sur la scène de la danse contemporaine depuis plus de vingt ans poursuivent leur quête commune. Inlassablement relancée par la mise en relation des imaginaires. Ils cheminent avec la pensée du poète, romancier, philosophe Édouard Glissant, chantre de la créolisation.

10 danseurs parmi lesquels une Martiniquaise

Yaël Réunif est une danseuse martiniquaise, elle est la toute dernière arrivée dans la compagnie Viadanse.

 Ici c’est en moi, le Bèlè et la culture antillaise ont influencé ma manière de danser et la façon dont je pose les pieds sur le sol et c’est le cas de tous les danseurs, ils dansent avec ce qu’ils sont Yaël Réunif

Ce nouveau spectacle est porté par dix danseurs interprètes aux cultures chorégraphiques très diverses (de France, d’Égypte, de Tunisie, du Maroc, du Sri Lanka, de Madagascar ou de la Martinique).

Par leur présence, les danseurs incarnent la « puissance de la dissemblance », notion que les chorégraphes considèrent comme un vecteur de transformation et d’élargissement de l’imaginaire du groupe.

L’imprévisible liberté de la musique Jazz

Le spectacle déploie un espace sonore, visuel et immersif, où tout semble s’inventer en temps réel.

La musique a été créée et interprétée par le saxophoniste Raphaël Imbert. Cette composition musicale entre le jazz et le blues, en partie improvisée, est élargie par le dialogue avec les boucles musicales informatiques imaginées par Benjamin Lévy, réalisateur informatique.

Plusieurs niveaux de perceptions surgissent çà et là grâce à de grandes voiles translucides, fluides manipulées par les danseurs. Elles se révèlent être également des surfaces de projection vidéo, faisant transparaître des fragments de paysages convoquant les quatre éléments.

A ECOUTER Le magazine d'Erika Govindoorazoo

POUR ALLER PLUS LOIN

« J'appelle Tout-monde notre univers tel qu'il change et perdure en échangeant et, en même temps, la "vision" que nous en avons. La totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu'elle nous inspire : que nous ne saurions plus chanter, dire ni travailler à souffrance à partir de notre seul lieu, sans plonger à l'imaginaire de cette totalité. Les poètes l'ont de tout temps pressenti. Mais ils furent maudits, ceux d'Occident, de n'avoir pas en leur temps consenti à l'exclusive du lieu, quand c'était la seule forme requise. Maudits aussi, parce qu'ils sentaient bien que leur rêve du monde en préfigurait ou accompagnait la Conquête. La conjonction des histoires des peuples propose aux poètes d'aujourd'hui une façon nouvelle. La mondialité, si elle se vérifie dans les oppressions et les exploitations des faibles par les puissants, se devine aussi et se vit par les poétiques, loin de toute généralisation ».

Edouard Glissant (Extrait du Traité du Tout-Monde d’Edouard Glissant)

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