Marc-André, jeune agriculteur : « plus de charges que de rentrées d’argent à la fin du mois »

Par 01/02/2024 - 16:02 • Mis à jour le 02/02/2024 - 07:03

Marc-André Pastel est installé au Saint-Esprit. Il a repris une exploitation agricole avec trois productions et l’a réorientée en aboriculture fruitière. Il décrit son quotidien et ses difficultés de jeune agriculteur.

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Marc-André Pastel, sur son exploitation au Saint-Esprit.

Le 2 novembre 2022, pour sa première visite officielle, Jean-Christophe Bouvier, le préfet s’était rendu sur son exploitation agricole.

C’est ici, sur des terres pentues du Saint-Esprit, que Marc-André Pastel, natif de Rivière-Pilote a repris une exploitation agricole à la fin de ses études.

Au départ, il a commencé par les trois productions présentes : la banane export, la goyave et la prune de cythère. Mais, très vite, le jeune agriculteur a réorienté l’exploitation en aboriculture fruitière.

J’ai décliné avec d’autres essences en arbres fruitiers : tous les agrumes (orange, citron, mandarine, pamplemousse, j’ai gardé les pruniers, les goyaviers et j’ai augmenté avec d’autres arbres fruitiers 

Marc-André Pastel est membre des « jeunes agriculteurs ». Cette semaine, les représentants de la profession ont rencontré le président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique puis le préfet le lendemain.

Le représentant de l’État leur a demandé de remettre à ses services une plateforme de revendications à faire remonter à Paris. Car, si les agriculteurs sont en colère de part et d’autre de l’Atlantique, les raisons de la grogne ne sont pas toujours les mêmes sous nos latitudes.

Lenteur pour l'installation des jeunes

Le jeune Martiniquais le confirme et revient sur plusieurs revendications qui lui tiennent à cœur, notamment la question de la lenteur administrative pour l’installation des jeunes.

C’est variable mais ça peut prendre trois ans ou quatre ans pour certains. Et, dans le parcours, beaucoup, abandonnent. Donc ça aussi, il faut penser dès à présent au renouvellement des générations agricoles. Si on ne s’y attelle pas dès maintenant, ce n’est demain matin que l’on règlera la problématique 

Comme beaucoup de membres de la profession, il pose également la question du revenu comme un enjeu crucial pour les hommes et femmes qui travaillent la terre ou élèvent du bétail.

Nous sommes quand même une des seules professions qui arrive à vendre à perte. Ce n’est pas admissible. On a une con concurrence déloyale sur le territoire qui s’accentue par des produits importés de l’Europe et de la Caraïbe. Notre coût de production sera toujours au-dessus de ces produits importés. Notre main d’œuvre est ce qu’elle est. Le coût de l’intrant ne cesse d’augmenter. Certains pays arrivent à produire avec des coûts de production beaucoup plus faibles que nous, par rapport à leur contexte, aux normes d’État qu’ils n’ont pas. Moi, à la fin du mois, je vois beaucoup plus de charges que de rentrées d’argent

Le jeune exploitant revient aussi sur les normes environnementales, l’évolution des pratiques de production mais aussi la sensibilité du territoire à tous types de maladies.

Si on nous enlève certains produits ou certains éléments, il faudrait qu’en face nous ayons des solutions pour pouvoir continuer notre activité

À ÉCOUTER Marc-André Pastel, invité de la rédaction de RCI

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