À Sainte-Luce, les coraux Cornes de Cerf n’ont pas survécu

Par 20/03/2024 - 18:26

Réintroduits en 2019 dans leur habitat naturel, les « acropora cervicornis », de leur nom scientifique, ont tous blanchi et sont morts, a annoncé l’Asso-Mer il y a quelques jours. Si le projet de restauration prend fin, il reste toutefois riche d’enseignements.

    À Sainte-Luce, les coraux Cornes de Cerf n’ont pas survécu
Malgré la surveillance, la ponte des coraux n'a pas survécu.

Les coraux Cornes de cerf sont morts, ou plutôt les « acropora cervicornis », de leur nom scientifique. Il s’agit d’une espèce de coraux qui, dans les années 2000, avait perdu 80% de sa population.

Depuis 8 ans, l’Asso-Mer travaille à la restauration de cette espèce dans le cadre du projet Acropora. Après une reproduction sexuée assez exceptionnelle constatée en août dernier, la semaine dernière, l’association de protection des milieux marins de Martinique a annoncé que les trois pépinières placées sur le site de grande Caye à Sainte-Luce sont sans vie.

Plusieurs explications

Elles ont été confrontées à plusieurs pressions environnementales et, plus récemment, à l’augmentation de la température de l’eau et à l’irradiation solaire. C’est ce qu’indique Gipsy Tramoni, responsable scientifique à l’Asso-Mer.

Les températures étaient situées entre 31 et 32 degrés, ce qui est absolument insupportable pour la majorité des espèces de coraux. À Grande Caye de Sainte-Luce, on aurait dit le Mont-Blanc. Tout était extrêmement blanc. Au niveau local, on a eu très peu de volontés au niveau des politiques publiques pour pouvoir réduire les pressions et notamment réduire l’impact de ce cocktail de pressions : les problématiques d’assainissement, de qualité de l’eau, de sédimentation avec des berges de rivières toujours de plus en plus artificialisées, des mangroves coupées, de la perte d’habitats qui jouent le rôle de filtres entre la terre et la mer ».

Coraux

Pour autant, cette expérience de restauration corallienne ne s’arrête pas là et a néanmoins été riche d'enseignements. 

Des données scientifiques « intéressantes »

Et, si les boutures n’ont pas survécu, il ne faut pas pour autant y voir un échec du projet Acropora, estime Gipsy Tramoni.

On peut s’enorgueillir d’avoir un des seuls projets de restauration corallienne pour lequel la donnée a été rendue publique. On a eu des données intéressantes au niveau scientifique pour approfondir les connaissances sur l’espèce. En plus cette année, avant que les coraux ne meurent, nous avions obtenu des résultats sur la génétique des coraux. Grâce aux travaux de restauration, on a pu faire des prélèvements, des analyses génétiques sur ces coraux qui étaient en pépinière, ça nous a donné beaucoup d’espoir cette année 2023. On a observé de la ponte, de la reproduction sexuée. Ceux qui ont pondu ont trouvé, a priori des conditions favorables 

Avec la mort des boutures, le projet Acropora vit ces derniers jours mais laisse maintenant place à une suite. Un nouveau projet, « Acropora, s’engager pour nos récifs », pourrait voir le jour.

Cet épisode de blanchissement n’est vraiment pas le premier. Dans ce projet, il y a de la sensibilisation, beaucoup plus de suivi opérationnel en plongée de sciences participatives, avec l’avènement de deux programmes : les « sciences dive » qui vont s’intéresser à suivre de près les épisodes de blanchissement ouverts aux plongeurs intéressés et les « sensi dive » qui seront plus des plongées grand public. La troisième grosse action, ce sera tout le développement de l’action militante de l’Asso-Mer pour la protection des coraux. On est vraiment en train de structurer cette action, un peu tous les jours, avec la construction d’un plaidoyer et aussi la montée en compétence de l’Asso-Mer sur le volet juridique 

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