Un policier martiniquais victime de la haine anti-flic à Paris : "C'était l'enfer"

Par 19/05/2016 - 19:28 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:21

Mise à jour le 19/05/16 à 16: 45 (réaction CREFOM) - L'image de ce policier -adjoint de sécurité - faisant front mercredi 18 mai 2016 à Paris face à la haine anti-flic a fait le tour des réseaux sociaux suscitant une vague d'indignation. Et l'on apprend ce jeudi qu'il est originaire du Carbet en Martinique et qu'il est encore sous le choc après l'Enfer qu'il a vécu dans une voiture de police bastonnée puis incendiée par des casseurs en furie.

    Un policier martiniquais victime de la haine anti-flic à Paris : "C'était l'enfer"
Ce Carbétien de 29 ans aujourd'hui ne s'attendait certainement pas à vivre un tel enfer en choisissant, après un concours passé en 2010 à Paris, la voie de la police nationale. Et encore moins, une telle notoriété quand on sait que la vidéo qui montre l'attaque d'une rare violence à laquelle Kévin P. a dû faire face mercredi 18 mai 2016 à Paris a été massivement visionnée sur Internet.

Avec sept millions de vues enregistrées ce jeudi 19 mai 2016, on a là, l'un des scores les plus élevés jamais réalisés en France pour une vidéo d'information, selon le site Facebook, cité par l'AFP.

Nombreux sont ceux qui saluent aujourd'hui la bravoure et le sang-froid de ce policier martiniquais, dégainant un moment son arme de service avant de se raviser, puis se dressant à main nue face à l'un de ses agresseurs.

"Face à des actes inqualifiables, ce jeune policier a fait preuve de sang-froid devant des agresseurs qui bafouent les valeurs de notre République et qui oublient ce que fraternité veut dire..", écrit le député Bruno-Nestor Azérot dans un communiqué ce jeudi.
"A travers lui, c'est l'ensemble des forces de police, de gendarmerie et de secours que je veux remercier pour ce qu'ils réalisent quotidiennement pour les citoyens que nous sommes", poursuit-il, rappelant au passage le sacrifice,"l'assassinat de Clarissa Jean-Philippe l'an dernier".

De son côté, le CREFOM (Conseil représentatif des français d’Outre-Mer) "salue le courage de l’adjoint de sécurité (...), originaire de la Martinique, pour l’acte de bravoure, de maitrise de soi et de courage dont il a fait preuve face à la violence dont lui et sa collègue ont été victimes quai de Valmy dans le XXéme arrondissement de Paris, mercredi 18 mai 2016."
Par la voix de son président Patrick Karam, il demanque que "ce policier puisse intégrer une école de gardien de la paix afin de poursuivre sa carrière au sein de cette institution et qu’il soit décoré pour son acte héroïque".


"C'était l'enfer..."
Vingt-quatre heures après ces violences, Kévin P. était encore sous le choc. Hospitalisé pour plusieurs commotions, il a reçu la visite du ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve mais n'avait jeudi après-midi à Paris toujours pas vu sa femme et sa fille, ni la vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Il estime avoir réagi de manière spontanée, quasiment à l'instinct face à la violence dont il faisait l'objet avec sa collègue policière. Et pourtant, il avoue lui-même que c'était l'enfer.

Le jeune policier dont la large carrure n'est pas passée inaperçue, plutôt discret et réservé, a également été entendu par les juges en charge de l'enquête sur ces exactions. Dès hier mercredi 18 mai 2016, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique et dégradation volontaire par incendie". Cinq personnes étaient encore gardées à vue le jeudi 19 mai 2016 dans le cadre de l'enquête.
Jean-Philippe Ludon avec Eric Dupuy à Paris
@jpludonrci, @duperico