Des "békés" se sentent discriminés et attaquent en justice

Par 17/08/2022 - 14:34

Plusieurs personnalités sont poursuivies pour "injure publique". Parmi eux, les écrivains Raphaël Confiant et Steve Gadet.

    Des "békés" se sentent discriminés et attaquent en justice
Photo d'illustration

Ce matin, mercredi 17 août, le tribunal judiciaire de Fort-de-France avait convoqué plusieurs personnes, poursuivies pour "injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion". Les écrivains Raphaël Confiant et Steve Gadet répondaient notamment d'un texte publié sur le blog Montray Kreyol et intitulé "Le racisme ne passera pas en Martinique et en Guadeloupe, mais...".

L'article était accompagné d’une photo sur laquelle on voit une femme blanche porter un t-shirt avec des injures envers les békés. Un cliché pris lors des manifestations contre les hypermarchés en 2019.

Ce sont cinq personnes au total qui sont visées par la plainte de Respect Dom. L'association, présidée par Jean-François Hayot, vise à "défendre la dignité humaine contre toute forme de racisme et de discrimination envers les citoyens des Antilles Françaises".

Outre Raphaël Confiant et Steve Gadet, on peut donc encore citer Gilles Dégras du site Bondamanjak, pour plusieurs billets, Rodolphe Richefal pour sa chanson "Brilé Békéland", et Max Latulip. Ce dernier a appelé, sur sa page Facebook, à organiser "des jours de pillage des biens des békés jusqu'à ce que l’État les dédommage pour les crimes d'esclavage".

Un ensemble de faits qui remonte aux années 2019-2020, et une situation plutôt inédite qui a poussé le parquet général à demander le dépaysement de l’affaire. Le bâtonnier Constant, avocat de Raphaël Confiant, n'a toutefois pas manqué de marquer sa surprise et sa désapprobation :

Le procureur général considère que ce dossier doit être jugé hors de Martinique. Ce qui est quand même étonnant parce que c'est lui-même qui a ouvert la procédure après la plainte de Respect DOM, il y a de cela près de 18 mois. Donc pourquoi aujourd'hui ? Les raisons invoquées sont des problèmes de neutralité et de sérénité. Il aurait pu y penser il y a 18 mois. Nous sommes assez choqués que l'on envisage de donner à ce que l'on appelle la communauté békée un traitement particulier.

Dans ce contexte tendu, le tribunal a demandé le renvoi de l'affaire au 28 octobre prochain, à 8 heures, en attendant la décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation de Paris. Cette dernière devrait, a priori le 6 septembre prochain, suivre la requête de dépaysement.

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