Mort de Francette Pierre-Emille : ce que révèle l'enquête

Par 07/12/2017 - 08:15 • Mis à jour le 18/06/2019 - 14:11

C'est au début de ce mois de décembre 2017 que la justice a bouclé l'enquête autour de la disparition et de la mort de Francette Pierre-Emille. Trois ans après le décès tragique de l'enseignante du couvent, l'affaire a été renvoyée devant la cour d'assises de Martinique. Le procès de Philippe Ponsar, principal suspect dans ce dossier, devrait se tenir en 2018.

    Mort de Francette Pierre-Emille : ce que révèle l'enquête

Au terme de trois ans d'instruction, Philippe Ponsar est renvoyé devant la cour d’assises pour  séquestration suivie de mort. La mort bien évidemment, c'est celle de Francette Pierre-Emille, cette mère de trois enfants et enseignante au couvent de Cluny dont la disparition en décembre 2014 avait profondément émue l'opinion publique.

L’auteur présumé des faits, Philippe Ponsar, avait dans un premier temps été entendu comme témoin dès le début de l'enquête. Entendu à nouveau, mais cette fois sous le régime de la garde à vue, le 9 décembre 2014, Philippe Ponsar avait continué à nier les faits en dépit des éléments à charge contre lui. Les enquêteurs avaient notamment découvert la présence de trace de sang de l’enseignante au domicile de l'accusé. L'ADN de ce dernier avait également été retrouvé dans la voiture de la mère de famille. Mais c’est finalement après son incarcération que Philippe Ponsar va expliquer son rôle dans la disparition de l’enseignante.

Des aveux en prison

C'est en fait l'arrivée d’un nouvel avocat dans le dossier qui avait en partie déverrouillé l'enquête. Maître Philippe Edmond Mariette avait accepté d’assurer la défense de l'accusé, à condition qu’il coopère avec la justice. Et dès le soir de son incarcération, Philippe Ponsar avait finalement craqué.

Sans doute rongé par le remord d’avoir commis, ce qui a été perçu à l’époque comme l’irréparable, cet homme âgé de 49 ans, et bien connu dans la famille de l’enseignante portée disparue, se confiait à un premier surveillant pénitentiaire. Ce dernier faisait Philippe Ponsar répéter ces aveux devant son supérieur de la prison. Des aveux tant attendus pour faire avancer l’enquête et surtout pour trouver Francette Pierre-Emille.

Nous sommes le 11 décembre 2014, soit 9 jours après la disparition de l’enseignante. Ces aveux lâchés en prison, Philippe Ponsar les répétait devant le  juge en charge du dossier le 17 décembre. L’accusé était donc emmené sur ses indications sur la route de la trace avec le magistrat et des gendarmes. Et c’est en contrebas de la route de la Trace, deux kilomètres après l'Alma, dans une ravine, que le corps méconnaissable de l’enseignante était enfin retrouvé, deux semaines après sa disparition. 

Il restait encore à déterminer les conditions de la mort de la mère de famille. Car si l’enquête avait révélé la présence de l’enseignante au domicile de Philippe Ponsar, les zones d'ombre restaient nombreuses. Comment Francette Pierre-Emille s’était retrouvée dans cette maison à Didier après avoir quitté le couvent à la pause déjeuner ? Comment expliquer cette présence chez Philippe Ponsar de celle qui, disait-on à l’époque, ne le supportait pas.

De nombreuses zones d'ombre

C’est presque le nœud central de cette enquête. Mais pour l’instant la justice ne dispose que des déclarations de l’accusé. Et des images vidéo balayant le secteur de Cluny que les enquêteurs ont pu visionner. Des images qui montrent que les deux véhicules qui ressemblent - pour l’un à celui de Philippe Ponsar et pour l’autre à celui de l’enseignante - ont été aperçus entre 12 heures  et 12 h 30 dans le secteur de Cluny avant de se suivre le jour de la disparition de  l’enseignante.

Peut-on, avec ces images, dire que Francette Pierre-Emille a suivi Philippe Ponsar, de son plein gré, jusqu’au domicile de celui-ci ? Pour quelles raisons ? Aussi,  est ce que l’accusé avait pu attirer chez lui et de force  l’enseignante?  Et là encore pour quelle raison ?  Autant de questions pour lesquelles  les investigations n’ont toujours pas donné de réponse.

Un procès en 2018

Au cours de ses différentes auditions, l’accusé a toujours soutenu qu’une dispute entre lui et l’enseignante avait éclaté à  son domicile. Une dispute suivie d'une bousculade. Francette Pierre-Emile se serait, en chutant, cognée la tête sur un meuble. Philippe Ponsar l’aurait ensuite bâillonnée. Un bâillonnement qui a pu entraîner une asphyxie compte tenu du traumatisme subit par l’enseignante, selon le médecin légiste.

A l’évidence, il y aura d’autres révélations dans ce dossier.  Ce sera forcément  le jour du procès. Procès très attendu aussi bien par la défense de Philippe Ponsar qui devra fournir d’autres explications et par la famille de la victime qui cherche toujours à comprendre les raisons d'une telle tragédie. Un procès qui pourrait se tenir à une date qui reste à fixer en 2018.