Un détenu martiniquais de 66 ans au cœur d'une libération anticipée contestée

Par 08/11/2022 - 16:58

Incarcéré dans l'Allier, en Auvergne, ce détenu pourrait bénéficier d'une procédure de libération anticipée, après 26 années passées en prison. Condamné en 2000 pour un quadruple homicide, Edgar Boulai est toutefois sous le coup d'un appel suspensif, interjeté par le parquet de Moulins.

    Un détenu martiniquais de 66 ans au cœur d'une libération anticipée contestée

Edgar Boulai va-t-il sortir de prison après près de trois décennies derrière les barreaux ? C'est la question sur laquelle la justice devra se positionner dans les prochaines semaines. Car si son dossier de demande de libération anticipée, déposé en 2018, vient de recevoir une réponse favorable de la part du tribunal d'application des peines de l'Allier, le procureur de Moulins n'entend pas laisser le Martiniquais s'en tirer aussi facilement. Le magistrat a déposé une procédure en appel, qui est suspensive, et maintient donc le détenu en prison. 

Cette décision a été motivée par le profil du Martiniquais. Car le récit des événements de l'automne 1995 fait encore froid dans le dos. Edgar Boulai avait tué à la machette un ami, Donald Davila, lui même d'origine antillaise, ainsi que sa compagne Stéphanie, 21 ans, et avait ensuite frappé violemment et mortellement leur deux enfants, âgés de trois et deux ans, les projetant notamment contre des murs.

Une longue et laborieuse enquête

Le mobile ? Le meurtrier, marginal et alcoolique, déjà connu par la justice pour des faits de violence, espérait s'emparer de la maison abandonnée où vivait gracieusement la famille à Vaux-le-Penil, à côté de Melun en région parisienne. Il avait l'espoir de bénéficier d'une prescription acquisitive, procédure complexe qui permet de devenir propriétaire d'un bien non réclamé après une longue période d'occupation.

Suite à cette nuit dramatique, il avait enterré les corps dans le jardin avant de dissimuler les traces de ce massacre avec sa compagne de l'époque. C'est la mère de Stéphanie qui au terme d'une longue enquête personnelle avait réussi à forcer la police à ouvrir une procédure, en déposant plainte contre Boulai pour vol, à la suite de la vente des véhicules du couple Davila. Les relevés sur place avaient alors conduit à la découverte des cadavres enterrés et au placement détention provisoire du Martiniquais, un an après les faits.

Des faits qu'Edgar Boulai a toujours niés mais pour lesquels il a été condamné en 2000 à une peine à perpétuité, qui pourrait toutefois se terminer prochainement. Se saisissant de cette demande de libération, le procureur de la République de Moulins, a motivé son appel en estimant qu'”il y a plus d’éléments négatifs que positifs dans son dossier”, a-t-il confié au quotidien La République de Seine-et-Marne.

La cour d'appel de Riom, dans le Puy-de-Dôme, doit rendre sa décision dans les deux prochains mois.

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